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Protéine GPLD1

Une protéine produite par le foie concentre tous les bénéfices de l’activité physique

Par Jean-Guillaume Bayard

Des chercheurs américains ont découvert par hasard une protéine produite par le foie qui contient tous les bienfaits de l’activité physique contre le déclin cognitif.

Wavebreakmedia/iStock
Grâce à un transfert de plasma de souris actives vers des souris inactives, les chercheurs se sont rendus compte que les deux groupes présentent des améliorations de l'apprentissage et la mémoire, ainsi qu'une augmentation de la production de nouveaux neurones dans l'hippocampe.
Ces bienfaits sont attribuables à une protéine, la GPLD1, dont la quantité augmente avec la pratique sportive.
Il reste désormais à comprendre comment agit cette protéine.

Recevoir les bienfaits du sport sans bouger le petit doigt, un fantasme qui intéresse directement les chercheurs. Pour preuve, une étude récente a montré qu’une transfusion de plasma de souris qui ont pratiqué une activité physique chez d’autres souris restés inactives leur a procuré les mêmes effets positifs sur le cerveau. Cette fois, des chercheurs de l’université de Californie aux États-Unis sont parvenus à retrouver une grande partie des effets bénéfiques du sport dans une simple molécule produite par le foie après l’effort, la protéine GPLD1. Les résultats de cette étude ont été publiés dans la revue Science

Des découvertes inattendues

Cette protéine, découverte par hasard par les chercheurs, présente la particularité d’être transférable et le transfert du sang de souris actives vers des souris âgées inactives a permis d’améliorer leurs performances cognitives. “Nous avons découvert qu'un seul facteur sanguin produit par le foie est suffisant pour provoquer une large part des bénéfices de l'exercice physique, s'étonne le Pr Saul Villeda, qui a dirigé ces travaux. Je ne m'y attendais pas, je pensais que nous devrions identifier une multitude de facteurs pour obtenir une partie de ces effets.” La pratique sportive chez les personnes âgées permet de réactiver la neurogenèse, soit la production nouvelle de neurones, ainsi que les fonctions cognitives de l’hippocampe, impliquée dans la mémoire.

Pour tenter de transférer les bienfaits du sport d’une souris à une autre, les chercheurs ont transfusé du plasma de souris adulte qui ont eu une activité physique pendant 40 jours, vers des souris âgées et inactives. Les scientifiques ont répété cette action huit fois en 24 jours. Au bout de l’expérience, les deux groupes de souris ont présenté des améliorations similaires de l’apprentissage et de la mémoire. En observant de plus près, les chercheurs ont également observé chez toutes les souris une augmentation de la production de nouveaux neurones dans l'hippocampe.

Une protéine présente également chez l’Homme

Pour comprendre le mécanisme, les chercheurs ont comparé les protéines qui circulent dans le sang des souris actives et celui des souris inactives. Parmi la trentaine identifiée comme potentiellement responsable de ces effets, ils se sont concentrés sur la GPLD1, peu étudiée. “Nous nous sommes dit que si la protéine avait déjà été étudiée en profondeur, quelqu'un serait tombé sur cet effet”, replace Saul Villeda. Les résultats ont dépassé les attentes des chercheurs : la quantité de GPLD1 dans le sang correspond à la pratique physique et à l’amélioration des performances cognitives et elle est même la principale instigatrice. Cette protéine permet également de réduire l'inflammation et la coagulation du sang dans le corps, permettant à notre organisme de lutter contre la démence et le déclin cognitif lié à l'âge. Quand j'ai vu ces données, j'étais complètement abasourdi, se souvient le Pr Villeda. Grâce à cette protéine, le foie réagit à l’activité physique et dit au vieux cerveau de rajeunir. (…) C'est un exemple remarquable de communication entre le foie et le cerveau, dont personne ne connaissait l'existence, à notre connaissance.” 

Les scientifiques n’ont découvert qu’une partie du mystère puisqu’il va désormais falloir comprendre comment agit la protéine GPLD1. La bonne nouvelle est que ces travaux s’appliquent a priori à l’humain puisque cette protéine est également produite dans le foie par les personnes âgées actives. Par ailleurs, elle est incapable de pénétrer la barrière hémato-encéphalique, la membrane qui protège notre cerveau des menaces circulant potentiellement dans notre sang. “Cela suggère que les effets bénéfiques de la GPLD1 sur l'hippocampe impliqueraient des facteurs intermédiaires (…) capables de pénétrer dans le cerveau pour agir directement sur le cerveau”, se réjouissent les chercheurs.