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Covid-19 : qu’est-ce que le "plateau épidémique" ?

Par Mégane Fleury

Ces derniers temps, le terme de "plateau" a remplacé la notion de "pic épidémique". Il désigne une stagnation de la propagation de la maladie. 

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Au début de l'épidémie, on attendait le "pic", c'est à dire le moment où l'infection toucherait le plus grand nombre avant de régresser
Aujourd'hui on parle de "plateau" pour dire que l'épidémie progresse moins vite mais ne régresse pas

Quand sortirons-nous de l'épidémie de Covid-19 ? Seule l’observation scrupuleuse des courbes peut permettre de faire des prévisions, même si elles sont parfois incertaines. Au début de la crise sanitaire, les autorités de santé ont régulièrement employé la notion de "pic épidémique". Elle désigne le fait d’atteindre un maximum soit de cas soit de personnes décédées, et suggère qu’une fois passé, la situation devrait s’améliorer avec une diminution nette des chiffres. Depuis, le terme de "plateau épidémique" le remplace, s’il est atteint, cela signifie que l’épidémie se stabilise. 

Une stabilisation plutôt qu’une diminution 

"Un très haut plateau semble se dessiner, a déclaré le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, le 11 avril, mais l’épidémie reste active." Cela confirme l’idée qu’un plateau épidémique n’est pas forcément synonyme de baisse du nombre de cas, il peut indiquer une stagnation du nombre de personnes contaminées et/ou décédées du virus. En Espagne ou en Italie, il y a eu des phases de plateau suivies ensuite de baisse ou de hausse du nombre de décès. 

Le "bruit statistique" peut polluer les données 

Certains spécialistes appellent à la prudence face à l’usage de la notion de "plateau". Au Huff Post, Samuel Alizon, directeur de recherche au CNRS et spécialistes des épidémies, confie : "Pour que la courbe soit parfaitement stable, il faudrait que chaque personne malade en contamine exactement une autre. Ça ne me paraît pas réaliste." Les données récoltées peuvent être polluées par le bruit statistique, c’est-à-dire par les retards ou le manque de précision dans le comptage. Les variations statistiques peuvent être parfois liées à ces décalages plutôt qu’au ralentissement effectif des contaminations.

L’heure n’est pas au déconfinement 

En France, ces derniers jours, le solde de personnes en réanimation est négatif : elles étaient plus nombreuses à en sortir qu’à y entrer. Dimanche 12 avril, il l’était pour la 4e journée consécutive. Les effets du confinement seraient doucement en train d’apparaître, il permet d’aplatir la courbe de l’épidémie, c’est-à-dire que le nombre de cas continue d’augmenter mais de manière moins importante car les contacts sont réduits.

L’installation d’un plateau n’est toutefois pas synonyme de déconfinement, comme l’a rappelé Antoine Flahault, épidémiologiste sur France 2 : "Ce n'est pas lorsqu'on est arrivé à un plateau qu'il faut déconfiner alors que les mesures ont permis d'éviter l'engorgement massif des hôpitaux." Même si le plateau se confirme, il faudra dans tous les cas être patient avant de pouvoir retrouver un quotidien "normal".