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Mieux comprendre

Nez qui coule : allergie aux pollens ou coronavirus ?

Par Barbara Azaïs

Les symptômes d'une rhinite allergique peuvent être très similaires à ceux du coronavirus. Le docteur Christian Noirot, allergologue à Brunoy, dans l'Essonne, nous aide à faire la différence.

dragana991/iStock

La pollinisation intervient en même temps que l'épidémie de Covid-19, ce qui prête à confusion chez certaines personnes. Les symptômes peuvent en effet être similaires : une rhinite allergique se manifeste certes par le nez qui coule, qui gratte, les yeux rouges et des éternuements, mais s'accompagne également de problèmes respiratoires (asthme), de quintes de toux et parfois de courbatures. Les mêmes symptômes que l'on observe chez les personnes positives au Covid-19. Difficile donc de faire la différence. Le docteur Christian Noirot, allergologue à Brunoy, dans l'Essonne, nous aide à y voir plus clair. 

Une allergie au pollen peut-elle survenir à n'importe quel moment de la vie ? Nous pensons aux personnes non diagnostiquées qui pourraient ressentir de premiers symptômes en cette période épidémique et s'inquiéter d'avoir le Covid-19.

Absolument. Traditionnellement, on l'observait sur une tranche d'âge autour de 10 ans, chez des adolescents et de jeunes adultes, mais nous avons aussi des cas chez des enfants de 4 ans. De même, il est possible de développer une allergie aux pollens à un âge adulte avancé comme à 40 ans. Les cas sont cependant beaucoup plus rares à 50 ans. 

Quels sont les périodes et les symptômes d'une rhinite allergique ?

Il y a trois périodes polliniques dans l'année : la pollinisation des arbres qui commence fin janvier et qui dure jusqu'en avril, celle des graminées, c'est-à-dire des fleurs sauvages, qui débute courant avril et se termine en juin, puis la pollinisation des pollens d'arrière-saison qui intervient plus tardivement de juillet à septembre. Il est rare d'être allergique à ces trois familles, les cas les plus courants sont les allergies aux arbres et aux graminées. Les personnes allergiques, lorsqu'elles inhalent ces pollens, sont prises de quintes de toux, ont les yeux qui pleurent, le palais qui démange, le nez qui gratte et qui coule, un asthme éventuel qu'il faut surveiller et dans certains cas, une perte d'odorat. 

Les quintes de toux, les problèmes respiratoires et l'anosmie (la perte d'odorat) sont justement des symptômes du Covid-19. Comment faire la différence ?

La perte d'odorat provoquée par la rhinite allergique est généralement légère et résulte de la congestion du nez, alors qu'on parle d'une chute d'odorat et de goût franche et sèche dans le cas d'une contamination au Covid-19. La rhinite allergique se repère très facilement cliniquement et les symptômes s'apaisent facilement avec un traitement antihistaminique, contrairement à ceux du Covid-19. Les personnes allergiques éternuent, toussent, ont les yeux larmoyants, le nez qui gratte, qui coule… Ces signes n'apparaissent généralement pas lors d'une infection au coronavirus. 

Faire un bilan allergologique en ce moment peut être difficile en cette période de confinement. Comment faire ?

Il n'y a aucune urgence pour faire des tests aux pollens. La personne allergique peut se faire prescrire par son médecin traitant (grâce à la téléconsultation par exemple, NDLR) du collyre pour les yeux s'il y a conjonctivite, des antihistaminiques, éventuellement un traitement pour les bronches comme des corticoïdes inhalés (rappelons après la polémique sur l'Ibuprofène, qu'il n'y a aucune contre-indication pour les toux spasmodiques et l'asthme, et qu'il faut maintenir les corticoïdes pour les rhinites et les asthmes allergiques) ou encore un bronchodilatateur. Si le médecin traitant est saturé en raison de l'épidémie, les patients peuvent aller à la pharmacie ou des traitements antihistaminiques sont vendus sans ordonnance.