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Médicaments et risques

Certains antipsychotiques accroissent le risque de mortalité chez les patients âgés

Par Dr Reetika Sirhindi

Les chercheurs de cette étude recommandent une approche prudente face à ces médicaments, en particulier pour les personnes âgées.

Ocskaymark/iStock

Les prestataires de soins de santé du monde entier utilisent des médicaments antipsychotiques de “première génération” pour traiter le délire. Ce syndrome se défini comme une perte de contact avec la réalité, accompagné le plus souvent de pensées délirantes et de croyances à des convictions fausses et/ou irrationnelles. Une nouvelle étude, menée au Beth Israel Deaconess Medical Center de Boston (Etats-Unis) et publiée dans le Journal of the American Geriatrics Society, conseille la prudence lors de la prescription de ces médicaments, qui augmenteraient le risque de mortalité chez les personnes âgées. 

Selon les statistiques, aux Etats-Unis, les troubles délirants touchent de 15 à 26 % des personnes âgées hospitalisées. Si cette maladie devient un sujet de préoccupation, c'est parce qu'une personne dans cette situation agit de façon particulièrement problématique et peut interférer avec les soins médicaux, se faire du mal à elle-même voire à d'autres personnes. 

Des risques de morts et d’arrêts cardio-pulmonaires accrus 

Outre la thérapie comportementale et les contentions physiques, les médecins du monde entier prescrivent des antipsychotiques pour soulager le délire et protéger les patients et les soignants. L’étude menée par une équipe de recherche du centre médical de Boston révèle que la prescription de tels médicaments peut entraîner le décès ou un arrêt cardio-pulmonaire (crise cardiaque) non-mortel au cours de l’hospitalisation.

Pour leur étude, les chercheurs ont compilé toutes les hospitalisations survenues au centre médical de Boston entre 2010 et 2016. Les personnes admises en unité de soins intensifs, et dans les services de gynécologie, obstétrique et de psychiatrie, ou ayant reçu un diagnostic de trouble psychotique, n’ont pas été retenus. Au total, ils se sont penchés sur plus de 150 000 hospitalisations. 

Appel à la prudence

Parmi toutes ces personnes, 691 d’entres elles sont mortes ou ont subi un arrêt cardio-pulmonaire (515 morts et 176 arrêts cardio-pulmonaires). En se penchant sur les résultats, l’équipe a découvert que la consommation de médicaments antipsychotiques dit de “première génération” (mis au point vers les années 1950) augmentait le risque de mortalité et d'arrêt cardio-pulmonaire. Cependant, la prise d'antipsychotiques de “deuxième génération” (ainsi nommés car ils ont été mis au point plus tard) augmentait le risque de décès ou d'arrêt cardio-pulmonaire uniquement chez les personnes âgées de 65 ans ou plus.

L'étude souligne également qu’aux Etats-Unis, 9% des adultes hospitalisés pour des causes non-psychiatriques se voyaient quand même prescrire des antipsychotiques. Une étude précédente réalisée par le Beth Israel Deaconess Medical Center avait déjà révélé que l'administration d'antipsychotiques n'avait aucun effet sur la gravité du délire ou n'en réduisait pas la durée, pas plus qu'elle ne diminuait le temps passé dans une unité de soins intensifs ou à l'hôpital. Par conséquent, comme pour la précédente étude, les auteurs recommandent aux équipes soignantes de faire preuve de prudence lorsqu’ils prescrivent des antipsychotiques aux personnes atteintes de délire, surtout si elles sont âgées.