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Lutte anti-tabac

L'Europe veut vendre la e-cigarette en pharmacie

Par Bruno Martrette

Les députés européens souhaitent classer la cigarette électronique comme un médicament, vendu en pharmacie. La mesure ne menacerait toutefois pas les commerces de e-cigarettes.

Ed Andrieski/AP/SIPA

Tout comme les Anglais, les députés européens veulent faire de la cigarette électronique un médicament ! C'est pourquoi la Commission de la santé publique a voté il y a quelques jours un amendement, pour le moment non contraignant pour les Etats (1), prévoyant que les produits contenant de la nicotine, ne puissent être mis sur le marché qu'après avoir été autorisés comme médicament. Alors, cette décision pourrait-elle sonner le glas de tous les commerces de e-cigarettes qui ont ouvert récemment partout en Europe ? 


Pas vraiment, les députés ont toutefois estimé que, compte tenu de son potentiel dans l'aide au sevrage tabagique, les Etats membres devraient « considérer la vente de ces produits également en dehors des pharmacies ». Linda McAvan, rapporteur du texte, de rajouter,: « l'avis des experts de la lutte antitabac n'est pas unanime sur les cigarettes électroniques. S'il existe un large consensus sur la nécessité de mieux réglementer ces produits, il est difficile de déterminer si les cigarettes électroniques sont un produit de substitution permettant d'aider les fumeurs grâce à leur toxicité moins élevée ou s'il s'agit simplement d'un produit permettant aux fumeurs de continuer à fumer en absorbant de la nicotine dans les espaces non fumeurs, voire d'un produit d'appel permettant d'habituer de nouveaux consommateurs à la nicotine et, éventuellement au tabac », écrit-elle.


Par ailleurs, l'Europe fait le constat alarmant que 29 % des jeunes européens fument. Alors, pour tenter d'enrayer ce phénomène, la Commission a également voté de nouvelles règles visant à renforcer la lutte contre le tabagisme. Et, pour la députée démocrate socialiste britannique Linda McAvan, l'objectif de ce nouveau dispositif est clair, « empêcher l’industrie de recruter de nouveaux fumeurs parmi les jeunes ». Ainsi, le texte voté vise à rendre le fait de fumer moins attractif, en particulier pour les jeunes. Il comporte sept principales mesures.


Parmi elles, les députés veulent d'une part « empêcher l'utilisation d'additifs et d'arômes dans les produits du tabac qui rendent le produit plus attrayant (fraise, menthol) ainsi que l'utilisation de vitamines, caféine et taurine, pour lesquelles ont été mis en avant les bénéfices sur la santé », précise le communiqué.
Ils souhaitent d'autre part « proscrire les emballages trompeurs, suggérant que certains produits du tabac seraient moins nocifs que d'autres ou qu'ils auraient un effet positif sur la santé ou le style de vie ».
En outre, pour empêcher les jeunes de tomber dans le tabac, la Commission envisage un nouveau design pour les paquets de cigarettes, moins incitatif et des avertissements relatifs à la santé couvriraient au moins 75% des paquets de cigarettes. Enfin, même si les femmes fumeuses en raffolent, le rapport préconise l'interdiction des cigarettes fines (diamètre inférieur à 7,5mm) et des paquets empruntant une forme de rouge à lèvres.

(1) Le vote de ce texte est en réalité une révision de la directive 2001/37/CE du 5 juin 2001, engagée courant 2012, il devrait être débattue par le Parlement en séance plénière lors de la session de septembre.