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Enquête

Chine : 59 personnes atteintes d'une mystérieuse maladie respiratoire

Par Raphaëlle de Tappie

En Chine, 59 patients sont actuellement atteints d'une maladie respiratoire à l'origine inconnue. Sept d'entre eux sont dans un état grave. Les autorités sanitaires mènent l'enquête. 

metamorworks/iStock

Une mystérieuse maladie. En Chine, 59 patients atteints d’une maladie respiratoire à l’origine non identifiée ont été placés en quarantaine, a annoncé dimanche 5 janvier la Commission municipale de l'hygiène et de la santé de Wuhan (centre), où l'épidémie est apparue. Mais pas de panique, il ne s’agit pas du Syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), une maladie virale qui a entraîné des centaines de morts en 2003 dans la région, assurent-elles pour calmer l’inquiétude de la communauté internationale.  

Chez les 59 malades, la maladie s’est déclarée entre le 12 et 29 décembre. Sept d’entre eux sont gravement atteints et les autres dans un état stable. “Aucun patient n’est mort pour l’instant”, précisent les autorités sanitaires. Leur enquête a identifié que plusieurs patients étaient vendeurs au marché de Wuhan spécialisé dans la vente de gros fruits de mer et de poissons.  

“Le lien signalé avec un marché de gros de poissons et d'animaux vivants pourrait dénoter un lien avec l'exposition à des animaux”, explique l'Organisation mondiale de la santé (OMS). La municipalité de Wuhan a donc ordonné la fermeture du marché où des opérations de désinfection et des analyses ont eu lieu. Pendant l’enquête, toujours en cours, les autorités sanitaires n’ont découvert aucun cas de transmission d’homme à homme.  

Surtout de la fièvre

“En ce qui concerne l'agent pathogène (...) incriminé, nous avons exclu plusieurs hypothèses, notamment le fait qu'il s'agisse d'une grippe, d'une grippe aviaire, d'un adénovirus, du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) ou du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS)”, détaille le communiqué. La plupart des malades souffrent de fièvre. Un “petit nombre de cas” seraient également accompagnés d’un essoufflement et d’une infection pulmonaire.

“Les symptômes signalés chez les patients sont communs à plusieurs maladies respiratoires et la pneumonie est fréquente en période hivernale”, précise l’OMS. Si elle appelle à la “prudence” en raison de la concentration des cas, l’organisation est à l’heure actuelle contre toute restriction en matière de voyage ou de commerce en Chine.

En 2003, le SRAS avait tué près de 800 personnes

En 2003, le SRAS, maladie respiratoire très contagieuse, avait tué près de 800 personnes en Chine continentale, à Hong Kong et dans les environs. “Les données indiquent une période d'incubation de deux à dix jours, permettant à l'agent infectieux d'être transporté d'une ville à une autre sans être suspecté ni détecté”, expliquait alors David Heymann, directeur exécutif pour les maladies transmissibles à l'OMS, au Nouvel Obs.

Huit mois après le premier cas observé (la Chine avait d’abord essayé d’étouffer l’affaire), à force de recherches (l’agent causal était un coronavirus jusque-là inconnu par l’homme) et de mises en quarantaine, la pandémie est jugulée. Au total, elle aurait coûté quelque 54 milliard d’euros. Un chiffre qui inclut la chute des revenus touristiques (-80% en Chine) et un manque à gagner de 50% pour les compagnies aériennes, les agences de tourisme, les restaurants et les chauffeurs de taxis. Pendant cette période, l’Asie du Sud-Est a accusé un recul d’environ 2% de son PIB.

Depuis ce drame, des réglementations ont été adoptées au niveau international pour obliger les pays à communiquer sur toute nouvelle maladie infectieuse émergente qui pourrait rapidement s’étendre et dépasser les frontières.