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Tabagisme

Arrêter de fumer diminue grandement les risques cardiovasculaires

Par Raphaëlle de Tappie

Cinq ans après avoir définitivement arrêté de fumer, un ancien consommateur de tabac voit ses risques cardiovasculaires diminuer en moyenne de 39%, selon une nouvelle étude. Et ce, quelque soit son âge. 

fermate/iStock

C’est bien connu, fumer est très mauvais pour la santé. Au niveau cardiovasculaire, cela peut entraîner une augmentation de la pression artérielle, une accélération du rythme cardiaque et une détérioration des artères. Cela augmente en outre le risque d'infarctus, d'athérosclérose et d’AVC. En France, 25% des décès liés au tabagisme sont cardiovasculaires (plus de 30% chez les femmes). Toutefois, si vous comptez sérieusement arrêter de fumer, tout n’est pas perdu.

En effet, selon une étude américaine parue le 20 août dans le Journal of the American Medical Association (Jama), chez les personnes qui arrêtent définitivement le tabac, les bénéfices cardiovasculaire se font ressentir dès cinq ans après le sevrage. A partir de là, le risque baisse en moyenne de 39% et devient quasiment équivalent à celui des personnes ayant arrêté de fumer depuis 10 ou 15 ans, et ce quelque soit l'âge.

Pour en arriver à ces heureux résultats, des chercheurs de l’Université de Vanderbilt de Nashville et de l’école de santé publique de Boston ont analysé les données de la Framingham Heart Study menée sur 8 770 personnes de 1954 à 2015. Celle-ci "fournit des données particulièrement fiables sur les antécédents de tabagisme au cours de la vie", notent les chercheurs. "Notre équipe a profité de cette occasion unique pour documenter ce qui arrive au risque de maladies cardiovasculaires après avoir cessé de fumer par rapport aux personnes qui ont continué à fumer et à celles qui n'ont jamais fumé", explique Meredith Duncan, auteure principale de l’étude.

Un risque toujours plus élevé que chez ceux n’ayant jamais fumé

Les chercheurs ont ainsi pu étudier les effets de l’arrêt du tabac sur les risques d’infarctus du myocarde, d’AVC, de décès par maladies cardio-vasculaires et d’insuffisance cardiaque chez ceux qui fumaient plus de 20 paquets par an (2 371 personnes au total).

Mais si arrêter de fumer durablement est très bénéfique à l’organisme, il n’y a pas de magie : le risque cardiovasculaire reste légèrement plus élevé chez les anciens consommateurs de cigarettes que chez les autres.

"Le système cardiovasculaire commence à guérir relativement rapidement après avoir cessé de fumer, même chez les personnes qui fument beaucoup depuis des décennies", commente Hilary Tindle, directrice médicale du VUMC Tobacco Treatment Service et directrice fondatrice du Vanderbilt Center for Tobacco Addiction and Lifestyle (ViTAL). "La guérison complète pourrait prendre des années, alors c'est le bon moment pour arrêter de fumer et prendre d'autres mesures pour la santé cardiaque", encourage-t-elle.

75 320 décès imputables au tabac en France en 2015

Outre les maladies cardiovasculaires, les impacts néfastes du tabac sur la santé sont très larges. Le tabagisme est à l’origine de 16 cancers (surtout celui du poumon) soit le tiers de tous les cas de cancer. Il cause 21 maladies chroniques, dont l’asthme, le diabète et le dysfonctionnement érectile, pour ne citer que les plus connues. Les fumeurs ont également plus de risques de développer ou d’aggraver des problèmes psychologiques comme l’anxiété, la dépression ou la nervosité. Enfin, le tabac fait vieillir la peau prématurément et, en plus de diminuer la qualité de vie (troubles du sommeil, efforts physiques difficiles), il réduit l’espérance de vie de dix ans.

En France métropolitaine, en 2015, "75 320 décès ont été estimés attribuables au tabagisme sur les 580 000 décès enregistrés", a annoncé Santé Publique France fin mai. Parmi ces décès 61,7% sont dus à un cancer, 22,1% à une maladie cardiovasculaires et 16,2% à une pathologie respiratoire (16,2%).

"Comme dans la plupart des pays industrialisés, le tabagisme reste la première cause de décès évitables en France", notait ainsi l’organisme. Mais tout n’est pas si noir puisque d’après le ministère de la Santé, depuis 2016, le nombre de consommateurs quotidiens de tabac a baissé d’1,6 million en France, dont 600 000 au premier semestre 2018.