ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Un tatouage intelligent pour détecter une éventuelle anomalie cardiaque

Simple et discret

Un tatouage intelligent pour détecter une éventuelle anomalie cardiaque

Par Raphaëlle de Tappie

Des chercheurs américains ont mis au point un minuscule tatouage capable de détecter d'éventuelles anomalies cardiaques. 

zorandimzr/iStock

Les maladies cardio-neurovasculaires sont un ensemble de troubles affectant le cœur et les vaisseaux sanguins. Elles exposent à de nombreuses complications aiguës ou chroniques, qu’il s’agisse de l’infarctus du myocarde, de l’accident vasculaire cérébral (AVC), d’une insuffisance cardiaque, rénale chronique, d’une atteinte des extrémités des membres inférieurs, de démence vasculaire ou encore de troubles de la vue. D’après l’OMS, elles sont la première cause de mortalité dans le monde. Chaque année, 17,7 millions de personnes meurent d’une maladie cardiovasculaire, ce qui représente 31% de la mortalité mondiale totale. Parmi ces décès, 7,4 millions seraient dus à une cardiopathie coronarienne et 6,7 millions à un AVC, selon les chiffres de 2015. 

Ces pourquoi, depuis quelques années, les chercheurs et ingénieurs développent des tatouages électroniques équipés de capteurs pour suivre les paramètres cardiaques des patients afin de de détecter une éventuelle anomalie sans qu’ils aient à se rendre régulièrement à des rendez-vous médicaux contraignants. Mais jusque-là, ces outils étaient encombrants et difficiles à porter. Des chercheurs américains ont désormais réussi à mettre au point un minuscule tatouage électronique de détection cardiovasculaire. Les résultats de leur étude sont parus fin mai dans la revue Advanced Science.

Extrêmement discret, ce tatouage est constitué d’une petite lamelle de graphène "ultra mince" et "extensible" qui adhère très bien à la peau, expliquent les chercheurs de l’Université du Texas (Etats-Unis). Elle est composée de minuscules capteurs : l’un pour l’électrocardiogramme, l’autre pour le sismo-cardiogramme, le but étant de mesurer très précisément les mouvements cardiaques. Les données enregistrées sont ensuite collectées et stockées sur une application installée sur un smartphone. Cette dernière peut également afficher en direct les battements du cœur.

Un suivi plus complet et plus simple

Grâce à sa légèreté, le tatouage pourrait être placé au-dessus du cœur pendant des périodes prolongées avec une gène réduite pour les patients, permettant à un terme un suivi plus complet et plus simple de la santé cardiaque ainsi que de la pression artérielle.

Cette étude rappelle celle de chercheurs allemands. Il y a quelques semaines, des scientifiques de l’Université de technologie de Munich ont beaucoup fait parler d’eux en annonçant la création d’un tatouage intelligent qui change de couleur en cas de problème de santé. Comme pour les tatouages classiques, l’encre doit pénétrer sous la couche superficielle de la peau et atteindre le derme.

Une fois dans la peau du patient et en contact avec les veines, et grâce à des capteurs colorimétriques sensibles à l’activité biologique, l’encre change de couleur en fonction du taux de composé organique surveillé. Cette technologie permettrait notamment aux personnes diabétiques de surveiller leur taux de glucose de façon simple et fiable. Mais le tatouage serait aussi capable d’indiquer le niveau d’acidité (PH) de l’organisme, expliquaient les chercheurs. 

Ces produits sont encore loin d’être d’arriver sur le marché

"C’est un concept très futuriste, qui en a surpris beaucoup (...) les alternatives disponibles aujourd'hui, comme les patchs autocollants, ne sont pas très fiables car elles étudient la sueur, un produit qui ne reflète pas correctement ce qui se passe dans le sang", avait alors expliqué Ali Yetisen, auteur principal de l'étude, à Sciences et Avenir. Avant de nuancer : "pour l’instant, rien n’est encore mis en place, ce sont des pistes".

Et cela est également vrai pour le tatouage intelligent des chercheurs de l’Université du Texas. Dans les deux cas, les scientifiques doivent maintenant développer leurs tests sur les animaux afin de s’assurer que leur dispositif est sûr avant de se démarrer des essais cliniques sur l’homme. A terme, cette avancée technologique  pourrait également être appliquée pour diagnostiquer l’apnée obstructive su sommeil ou encore des coronaropathies.

En France, les maladies cardiovasculaires sont la deuxième cause de mortalité, juste derrière les cancers. "Malgré quatre décennies de baisse de mortalité et morbidité grâce à la prévention et aux progrès thérapeutiques, elles restent à l’origine d’environ 140 000 morts par an", explique le ministère de la Santé.