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Rapport annuel

Sida : 770 000 morts du VIH en 2018

Par Raphaëlle de Tappie

En 2018, 770 000 personnes sont mortes du sida dans le monde, soit un tiers de moins qu'en 2010. Malgré tout, la lutte contre le VIH ne progresse pas assez rapidement, alerte l'Onusida ce mardi. 

Jannoon028/iStock

"En finir avec l’épidémie de sida d’ici à 2030". Telle est la volonté de l’Onusida, le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida, qui publie ce mardi 16 juillet un rapport annuel assez encourageant mais toutefois très contrasté. En 2018, 770 000 personnes dans le monde sont mortes de maladies liées au VIH contre 800 000 l’année précédente. Depuis 2010, cette mortalité a diminué de 33%. Malgré tout, la lutte contre le sida ne progresse pas assez rapidement et souffre de grande disparités régionales, s’inquiète le programme.

Aujourd’hui, plus de trois séropositifs sur cinq, soit 23,3 millions sur 37,9, suivent des traitements antirétroviraux, qui bloquent la transmission du sida quand ils sont pris correctement. C’est environ dix fois plus qu’au milieu des années 2000 et la plus haute proportion jamais atteinte depuis l’apparition des premiers cas dans les années 1980. 

Par ailleurs, environ 82% des femmes enceintes séropositives ont maintenant accès aux médicaments, soit une augmentation de plus de 90% depuis 2010 ayant entraîné une réduction de 41% des nouvelles contaminations chez les enfants. Malgré tout, dans sa globalité, le nombre de nouvelles infections (1,7 millions) a beau avoir diminué de 16% par rapport à 2010, il ne diffère pas de 2017. 

Des progrès très importants en Afrique australe et de l’Est 

Dans le détail, on observe de fortes disparités aux quatre coins du monde. Globalement, des progrès très importants ont été réalisés en Afrique australe et de l’Est, zone très concernée par la maladie puisque c’est là que vit plus de la moitié de la population mondiale atteinte du sida. C’est donc dans cette région que le nombre de morts du VIH a le plus diminué et que les malades ont pu avoir un meilleur accès aux traitements.

Toutefois, en Europe de l’Est et en Asie Centrale, le nombre de nouvelles infections a augmenté de 29% depuis 2010 tandis que le nombre de morts dus à la maladie croissait de 5%. Pendant cette période, il par ailleurs grimpé de 9% au Moyen-Orient et Afrique du Nord.  

Concernant la stigmatisation, des progrès ont été réalisés dans de nombreux pays, note l’Onusida selon qui "les attitudes discriminatoires à l’égard des personnes séropositives restent toutefois très prévalentes". C’est pourquoi, "il est urgent de s’attaquer aux facteurs structurels qui créent les inégalités ainsi qu’aux obstacles à la prévention et au traitement du VIH, notamment les normes et lois sociales qui portent préjudice aux séropositifs, la stigmatisation, la discrimination et la violence sexiste", note le programme.   

L’Onusida voudrait sept milliards de dollars de plus

Ainsi, le combat est encore loin d’être terminé, alerte-t-il, s’inquiétant par ailleurs d’une baisse des financements. Car en 2018, 19 milliards de dollars ont été consacrés à des programmes de lutte contre le sida dans les pays à faible et à moyen revenu. C’est un milliard de moins que l’année précédente et bien moins que ce que recommande l’Onusida pour 2020 (26,2).

"Nous avons besoin de toute urgence d’un encadrement politique renforcé pour mettre fin au sida", insiste Gunilla Carlsson, Directrice exécutive par intérim. Et de conclure :"Il faut effectuer des investissements adéquats et judicieux, et regarder ce qui a fonctionné dans les pays. Nous pouvons éliminer le sida en nous concentrant sur les personnes, et non pas sur les maladies, en élaborant des feuilles de route pour les populations et les régions laissées pour compte et en adoptant une approche fondée sur les droits de l’Homme pour atteindre les personnes les plus touchées par le VIH ".