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Sida : une épidémie mondiale de virus résistant est à craindre

Françoise Barré-Sinoussi, codécouvreuse du Sida, révèle qu’il y a de plus en plus de personnes touchées par le VIH qui ne répondent plus au traitement. De plus, elle dénonce "une banalisation effrayante de la maladie", surtout chez les jeunes, qui sont mal informés.

Sida : une épidémie mondiale de virus résistant est à craindre Jarun011 / Istock




Si l’avancée des recherches permet aujourd’hui aux malades du Sida de vivre une vie presque normale, les scientifiques ne sont pas sereins. Françoise Barré-Sinoussi, présidente de l'association Sidaction et codécouvreuse du virus en 1983, s’est exprimé dans  le Journal du dimanche à l’occasion des 25 ans du Sidaction. La colauréate du Nobel de médecine de 2008 s'inquiète d’un phénomène peu connu du grand public : la progression de résistances aux traitements.

"L’arsenal de combinaisons thérapeutiques reste limité"

Si aujourd’hui le Virus de l’Immunodéfience Humaine (VIH) ne fait plus aussi peur, il est pourtant toujours impossible de le guérir. Pire, "on assiste à l’émergence de résistances très inquiétantes. Dans certains pays d’Afrique ou d’Asie, on est passé en cinq ans de 5 à 15% de personnes contaminées par des virus qui ne répondent pas aux traitements", révèle Françoise Barré-Sinoussi. Mais contrairement à ce qu’on pourrait penser, "l’arsenal de combinaisons thérapeutiques reste limité. On n’est pas à l’abri d’une épidémie mondiale de virus résistants", prévient la chercheuse.

Pour la scientifique, il y a tout de même un note d’espoir : l'efficacité de la Prep (prophylaxie pré-exposition, c’est-à-dire le traitement préventif chez des personnes non infectées dont les pratiques sexuelles sont à risque). "Ce n’est pas LA solution de prévention, mais c’est un formidable outil pour certains gays, par exemple, mais pas seulement.", explique-elle. En effet, " à San Francisco, son utilisation par une population hautement exposée a fait diminuer de 99% le risque d’infection. Là-bas, l’épidémie n’est pas éradiquée mais sous contrôle. C’est un motif d’espoir d’autant plus précieux qu’ils ne sont pas si nombreux aujourd’hui", estime-t-elle. En effet, en plus de la résistance grandissante du virus, la communauté scientifique a une autre crainte : "la banalisation effrayante de la maladie".

"Les connaissances sont incomplètes, erronées"

Selon Françoise Barré Sinoussi, les avancées en matière de recherche masquent la réalité : on ne sait toujours pas guérir le Sida… mais tout le monde ne le sait pas. "Les jeunes ne se sentent pas concernés, n’ont pas l’impression d’avoir des relations à risque. Ils savent qu’il y a des médicaments contre le VIH mais pas toujours qu’ils ne guérissent pas… ils ignorent qu’à long terme, sous antirétroviraux, certains patients développent des maladies cardiovasculaires ou des désordres neurologiques précoces", déplore Françoise Barré Sinoussi.

"Dans la population, les connaissances sont incomplètes, souvent erronées. Les jeunes ne se protègent pas assez, ils ne se font pas assez dépister", s'inquiète la scientifique. En effet, selon une enquête réalisée par l'Ifop l’année dernière, 19% des 15-24 ans pensent que la pilule du lendemain les protège du Sida... Et 26% pensent qu'il existe des médicaments pour guérir. C’est peut-être une des raisons pour lesquelles la maladie ne recule plus : en 2017, on a encore enregistré 6 400 nouvelles contaminations. Un tiers d’entre elles étaient trop tardives.

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