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Découverte

Parkinson: bientôt un nouveau traitement?

Par Raphaëlle de Tappie

Des chercheurs américains ont découvert un enzyme présent dans notre corps qui pourrait à terme conduire à un nouveau traitement contre la maladie de Parkinson. 

Obencem/iStock

La maladie de Parkinson est un trouble neurologique dégénératif et évolutif qui touche 6,3 millions de personnes dans le monde. A l’heure actuelle, le traitement de la maladie vise à réduire et à soulager les symptômes, sans pour autant arrêter sa progression et de nombreux médicaments peuvent entraîner des effets secondaires très lourds (nausées, baisse de tension, somnolences, hallucinations…). Dans une nouvelle étude parue dans le Journal of Biological Chemistry, des chercheurs américains ont découvert que le cytochrome CYP2D6, un enzyme présent dans le corps, pourrait conduire à un nouveau traitement efficace contre Parkinson.

Il y a plus de trente ans, les scientifiques ont découvert qu’un produit chimique présent dans un opioïde synthétique du nom de MPTP, provoquait des symptômes similaires à la maladie de Parkinson. "Au cours des dernières décennies, les chercheurs ont essayé d’inhiber le processus dans lequel ils pensaient que le MPTP était métabolisé avec plus ou moins de succès", explique le Professeur Narayan Avadhani de l’Université de Pennsylvanie (Etats-Unis) qui a mené l’étude. Aujourd’hui, "nous croyons que le cytochrome CYP2D6 est la clé pour un médicament pour traiter la maladie idiopathique de Parkinson". 

Pour en arriver à ces conclusions, Narayan Avadhani et son équipe ont étudié de plus près les bêta-carbolines et les isoquinolines, des toxines ressemblant au MPTP que l'organisme produit à partir de substances présentes dans la fumée du tabac, l'alcool et certains aliments, sur des souris. Ils ont ainsi découvert que, contrairement à ce que pensaient de nombreux scientifiques, c’était l’enzyme CYP2D6 mitochondrial et non la MAO-B qui activait les bêta-carbolines et les isoquinolines à l’intérieur des neurones producteurs de dopamine. Cette voie d'activation entraîne des dommages neuronaux et un stress oxydatif, symptômes apparentés à Parkinson. 

Un inhibiteur présent dans une plante utilisée en Inde pour traiter les schizophrènes

"CYP2D6 est connue pour influencer l’activité d’un grand nombre de médicaments", explique Avadhani. "L'ajmalicine, un inhibiteur de CYP2D6, fait partie de la famille de la Réserpine, un alcaloïde que l’on trouve dans la plante Rauvolfia serpentine utilisée depuis longtemps en Inde pour traiter des maladies mentales telles que la paranoïa et la schizophrénie", explique Avadhani qui s’est servi de cet inhibiteur pour éviter le développement de maladie chez les souris. "Le ciblage mitochondrial de ces composés sera probablement efficace dans le traitement des patients atteints de la maladie de Parkinson, et c'est ce que notre stratégie future nous réserve", conclut-il donc.

Espérons que le traitement que les chercheurs réussiront à mettre au point ne sera pas mangé par le microbiote intestinal des malades. Car selon une autre étude publiée il y a quelques jours, ce métabolisme microbien pourrait être à l’origine du manque d’efficacité de certains traitements contre Parkinson. En effet, les micro-organismes intestinaux peuvent manger les médicaments, ce qui peut entraîner des effets secondaires dangereux. "Peut-être que le médicament n'atteindra pas sa cible dans le corps, peut-être qu'il deviendra toxique, peut-être qu'il sera moins utile", expliquaient alors les scientifiques.  

Diagnostiquée en moyenne à 58 ans, la maladie de Parkinson touche plus de 200 000 personnes en France. Si le symptôme le plus connu de cette affliction reste le tremblement, elle entraîne également une grande rigidité musculaire, une bradykinésie (lenteur des mouvements ou absence de mouvement) et une instabilité posturale.