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Santé des femmes

La ménopause précoce expose davantage les fumeuses au cancer de la vessie

Par Charlotte Arce

Une étude menée auprès de 220 000 femmes américaines tend à prouver que la ménopause avant 45 ans est associée à un risque plus élevé de cancer de la vessie, en particulier chez les fumeuses.

Panksvatouny/iStock

Tournant majeur dans la vie des femmes, la ménopause s’accompagne généralement de symptômes désagréables comme les bouffées de chaleur, la sécheresse vaginale, les sautes d’humeur ou la prise de poids. Elle les rend aussi plus vulnérables à certaines pathologies comme l’ostéoporose, les maladies cardiovasculaires ou certains cancers. 

Ces désagréments et risques n’épargnent pas les femmes touchées par une ménopause précoce. Selon une nouvelle étude présentée lors du congrès de l'Association européenne d'urologie à Barcelone, les femmes dont la ménopause survient avant l’âge de 45 ans sont davantage exposées au risque de développer un cancer de la vessie, en particulier si elles fument.

Un risque aggravé de 53% chez les fumeuses ménopausées avant 45 ans

Sixième cancer le plus répandu en France, avec 13 000 cas diagnostiqués et 5 000 décès en 2017, le cancer de la vessie est quatre fois plus fréquent chez les hommes que chez les femmes. Ces dernières sont cependant plus susceptibles de souffrir d’un cancer de la vessie avancé et moins susceptible de survivre que les hommes. Le tabagisme actif constitue par ailleurs le premier facteur de risque de cancer de la vessie.

Pour étudier le lien entre cancer de la vessie et ménopause précoce, des chercheurs américains et européens ont étudié les antécédents médicaux de 220 000 infirmières américaines depuis 1976. Ils ont découvert que les femmes ménopausées avant 45 ans étaient 45% plus susceptibles de développer un cancer de la vessie que celles ayant eu une ménopause tardive, c’est-à-dire après 50 ans.

Ce risque s’aggrave encore chez les fumeuses : +53% de risque supplémentaire par rapport aux femmes ménopausées après 50 ans. "Nous avons constaté que les femmes fumeuses ménopausées avant 45 ans couraient un plus grand risque de cancer de la vessie", explique le Dr Mohammad Abufaraj, chercheur à l’Université de Vienne, en Autriche, et auteur principal de l’étude.

Selon ce dernier, il est "peu probable que des facteurs féminins tels que l'âge au début des règles, le nombre de grossesses, l'utilisation de contraceptifs oraux ou l'hormonothérapie substitutive soient associés au risque de cancer de la vessie".

Le tabagisme, premier facteur de risque du cancer de la vessie

En revanche, lorsqu’il est associé à une ménopause précoce, le tabagisme augmente bien le risque de développer un cancer de la vessie. "Cette étude indique qu'un âge plus précoce à la ménopause (c'est-à-dire une vie reproductive plus courte) semble augmenter le risque de cancer de la vessie. Notre principale interprétation est qu'un facteur comme le tabagisme, dont on sait qu'il est en corrélation avec l'âge précoce à la ménopause, demeure une source de grave préoccupation en tant que principale cause du cancer de la vessie. Elle renforce l'avertissement selon lequel le tabagisme est vraiment nocif d'une manière que nous n'aurions peut-être pas pu facilement imaginer", ajoute le Dr Abufaraj.

Des recherches antérieures de la même équipe de recherche ont montré que le tabagisme a une relation dose-réponse avec le pronostic dans le cancer de la vessie précoce et avancé. En d'autres termes, la consommation de cigarettes aggrave les résultats tels que la réponse au traitement, ainsi que la mortalité. D’où l’importance d’arrêter de fumer le plus tôt possible : les recherches ont en effet montré que dix ans après avoir cessé de fumer, ce risque revenait au même niveau que celui des non-fumeurs.

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