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"Le patient de Londres"

VIH : un deuxième cas mondial de guérison grâce à une greffe de moelle osseuse

Par Léa Drouelle

Pour la deuxième fois dans l'histoire de la lutte contre l'épidémie du sida, un patient a été déclaré "guéri" du virus après une greffe de moelle osseuse. En rémission depuis 18 mois, le patient va bénéficier d'une étroite surveillance médicale. 

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C’est une avancée très importante dans la lutte contre le VIH. Un patient originaire de Londres atteint du virus depuis plusieurs années est en rémission depuis 18 mois. Il a bénéficié d’une greffe de moelle osseuse. Les cellules souches transplantées ont permis d’éliminer le virus de son organisme. Le cas de cette personne, que l'on appelle "le patient de Londres" a été présenté lors de la Conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes de Seattle aux États-Unis, et publié ce mardi 5 mars dans la revue Nature

Ce processus incroyable de guérison a déjà fait ses preuves il y a 12 ans avec l’Américain Timothy Ray Brown, aujourd’hui âgé de 53 ans. Un exploit que les chercheurs ont longtemps tenté, mais sans succès, de reproduire jusqu'à aujourd'hui. 

"La guérison n'est pas un rêve"

Des médicaments puissants sont actuellement disponibles pour contrôler l'infection par le VIH, mais les transplantations sont risquées, avec des effets secondaires sévères qui peuvent durer des années. Réarmer le corps avec des cellules immunitaires modifiées de la même façon pour résister au VIH pourrait cependant réussir comme traitement pratique. Atteint d'un lymphome de Hodgkin, le patient de Londres a reçu une greffe de moelle osseuse d'un donneur avec la mutation d'une protéine CCR5 en mai 2016.

Les cellules provenant des donneurs non cancéreux présentent en effet un avantage supplémentaire : une mutation génétique qui entraîne l'immunité au VIH. La greffe a détruit le cancer sans effets secondaires nocifs. Les cellules immunitaires transplantées, maintenant résistantes au VIH, semblent avoir entièrement remplacé ses cellules vulnérables.

"Cela montre que la guérison n’est pas un rêve. C'est possible", a déclaré le Dr Annemarie Wensing, virologue au Centre médical universitaire d'Utrecht, aux Pays-Bas. Pour le patient de Londres, apprendre qu'il pouvait être guéri à la fois du cancer et de l'infection à VIH était "surréaliste" et "accablant". "Je n'ai jamais pensé qu'il y aurait un remède de mon vivant", a-t-il confié dans un email envoyé au New York Times. 

Un autre patient à l'essai

Après l’opération de Timothy Ray Brown en 2007, qui souffrait d’une leucémie et qui a subi deux greffes de moelle osseuse, les médecins ont essayé de guérir d’autres patients en recourant au même procédé. Mais le virus revenait en force, environ neuf mois après que les patients ont cessé de prendre des médicaments antirétroviraux. Ces échecs à répétition ont conduit les scientifiques à se demander si le rétablissement de Timtorhy Ray Brown n’était pas finalement un "coup de chance". 

Le cas du patient de Londres prouve désormais que ce n'était pas le cas. Ce dernier a cessé de prendre des médicaments anti-VIH en septembre 2017, ce qui fait de lui le premier patient depuis M. Brown à présenter des signes de guérison plus d'un an après l'interruption du traitement. 

D'après le New York Times, une autre personne infectée par le VIH ayant reçu une greffe de moelle osseuse a cessé son traitement médicaments anti-VIH depuis quatre mois. Les détails de ce cas, appelé "patient de Düsseldorf", devraient être présentés à la conférence de Seattle un peu plus tard cette semaine.