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Débat sur le fin de vie

La justice valide l’arrêt des soins de Vincent Lambert

Par Johanna Hébert

Le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne (Marne) a validé la procédure d’arrêt des soins de Vincent Lambert. Il confirme "l’obstination déraisonnable" faite à cet homme, tétraplégique depuis 2008.

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Le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne (Marne) valide la procédure d’arrêt des soins de Vincent Lambert, tétraplégique depuis 2008 et au coeur d’une scission au sein de sa famille, entre ceux qui souhaitent le maintenir en vie et les autres qui souhaitent y mettre fin.

La décision de justice fait suite à celle prise par le CHU de Reims en avril dernier. "Il résulte (…) que le maintien des soins et traitements constituent une obstination déraisonnable" et "que la volonté de Vincent Lambert de ne pas être maintenu en vie dans l’hypothèse où il se trouverait dans l’état qui est le sien depuis dix ans, est établie", affirme l’arrêt du tribunal dont l’AFP a obtenu copie.

Son état jugé "irréversible" par deux fois

Les parents de Vincent Lambert sont fermement opposés à l’arrêt des soins, et ce depuis le début. Après la décision collégiale du CHU de Reims, prise le 9 avril dernier, ces derniers ont déposé une requête en urgence afin qu’elle soit suspendue. Dans son ordonnance, le tribunal confirme que le Dr Vincent Sanchez, du CHU de Reims, a eu raison d’estimer que "le maintien des soins et traitements qui sont prescrits à Vincent Lambert, dont l’alimentation et l’hydratation font partie, n’a pour effet que le seul maintien artificiel de la vie du patient".

Le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne ajoute que la décision du médecin n’est pas contraire aux prescriptions de la loi Claeys-leonetti sur la fin de vie. Car l’état "irréversible" du patient tétraplégique a été souligné deux fois, en 2014 puis en 2018, par deux expertises judiciaires. En revanche, la bataille n’est peut-être pas encore terminée. Les parents de Vincent Lambert peuvent encore saisir le Conseil d’Etat en faisant appel.

Derrière Vincent Lambert, le débat sur la fin de vie

En 2008, Vincent Lambert est victime d’un accident de la route. Âgé de 42 ans, père de famille, il plonge dans un état végétatif. Cinq ans plus tard, alors que son état ne s’est pas amélioré, l’équipe médicale qui s’occupe de lui décide, après avoir consulté sa femme, de cesser de l’alimenter et de l’hydrater. Les parents de Vincent Lambert n’ayant pas été consultés, la décision est annulée par le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne.

S’ensuit une longue bataille judiciaire. La famille du patient se déchire avec d’un coté sa femme, son neveu et une partie de ses frères et soeurs qui sont favorables à l’arrêt des soins. De l’autre, ses parents et ses autres frères et soeurs qui souhaitent qu’on le maintienne en vie. En 2015, la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) a rendu une décision exceptionnelle, validant la procédure d’arrêt des soins. Mais l’issue de cette affaire est aujourd’hui encore incertaine.