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Paracétamol, aspirine

Les anti-douleurs perturbent la fertilité masculine

Par Bruno Martrette

Une étude de l'Inserm confirme que le paracétamol et l'aspirine sont des perturbateurs endocriniens. Un constat inquiétant pour les sportifs qui sont de gros consommateurs de ces médicaments.

Martin Lee / Rex Featur/REX/SIPA
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Canettes, conserves, produits de beauté, et maintenant antalgiques, les perturbateurs endocriniens sont décidément partout. Une équipe de chercheurs de l'Inserm vient en effet démontrer que l'aspirine et le paracétamol inhibaient la production de testostérone chez l'adulte. Un constat inquiétant notamment pour les sportifs qui sont de gros consommateurs  de ces médicaments destinés à réduire la douleur.

 

L’équipe Inserm à l’origine de ce travail avait déjà participé à une précédente collecte de données épidémiologiques qui suggérait l’existence d’un lien entre la prise d’antalgiques pendant la grossesse et la cryptorchidie chez le fœtus (absence de descente d’un ou deux testicules dans le scrotum). Les chercheurs avaient alors entamé de nombreux travaux chez l’animal pour évaluer le risque endocrinien des antalgiques. Et jusqu'ici, tous les résultats obtenus convergaient vers une confirmation du caractère perturbateur endocrinien de ces médicaments. « Quatre études de cohorte indépendantes mettent en évidence une association entre antalgiques et risque de cryptorchidie. Et nos travaux chez le rat montrent une baisse de la production de testostérone, ou encore une féminisation des rats nouveau-nés masculins », décrit Bernard Jégou, le responsable du programme de recherche.


Des risques à partir de 4g par jour
Mais, pour aller encore plus loin, et confirmer ces résultats, les chercheurs ont mené des recherches chez l’humain, du stade fœtal au stade adulte. Ils ont ainsi exposé des explants testiculaires d’hommes adultes à différentes doses de paracétamol, d’aspirine ou d’indométacine pendant au moins 24 heures, et les conséquences observées sont sans appel. « A des concentrations équivalentes à celles retrouvées dans le plasma en cas de prise de ces molécules, chacune d’elles perturbe la production d’hormones stéroïdiennes et d’autres facteurs nécessaires à la masculinisation et la fertilité », explique le chercheur. En pratique, cela se manifeste par une baisse de production de la testostérone mais également des prostaglandines ou encore de l’insulin-like factor 3, un facteur impliqué dans la descente des testicules.

Et le chercheur poursuit, « certains athlètes de haut niveau en usent et en abusent, notamment à des fins préventives. Outre les risques potentiels sur la fertilité ou sur la santé en général, ces produits qui provoquent une baisse de production de testostérone pourraient donc être contre-productifs en terme de performances ». En revanche, le consommateur occasionnel ne se met pas en danger. En effet, ces effets délétères n'auraient été observés qu'à partir d'une dose de 4g d'anti-douleur par jour, soit la dose maximale autorisée.

 

Enfin, Bernard Jégou « rappelle qu’il s’agit des médicaments parmi les plus utilisés dans le monde. La conduite de ces travaux est donc un enjeu de santé publique ». En effet, d'après l'Assurance Maladie, le Doliprane (paracétamol) occupe toujours en 2012 le 5ème rang des médicaments les plus prescrits en montants.