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Haute autorité de santé

Sport sur ordonnance : la HAS publie un guide pour encourager les médecins

Par Jean-Guillaume Bayard

La Haute autorité de santé (HAS) a publié un guide à destination des médecins pour les encourager à prescrire du sport aux patients atteints de maladies chroniques. Autorisé depuis 2016, le "sport sur ordonnance" peine à séduire malgré ses bienfaits évidents.

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Depuis 2016, la France a officiellement adopté "le sport sur ordonnance". Les 10 millions de patients qui souffrent de pathologies lourdes et chroniques peuvent se voir prescrire des séances d’activité physique adaptées à leur maladie. Objectif : améliorer leur condition physique mais aussi diminuer la dépendance du système de soins à l’allopathie.

Un guide pour encourager les généralistes

Problème : depuis, la mesure peine à séduire. Après la première consultation, le manque de financement par l’assurance maladie marque le premier frein alors que le manque d’adhésion de la part des médecins généralistes empêchent à la mesure d'être pleinement efficace.

Pour aider les généralistes, la Haute autorité de la santé (HAS) a publié un guide et six référentiels par pathologie pour les aider dans leur démarche de prescription du sport. Un outil essentiel quand on sait les bienfaits du sport dans le traitement de maladies comme l’obésité, les maladies cardiovasculaires, le diabète ou encore la dépression.

"Le sport fait peur"

Selon des recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) tout le monde devrait, au minimum, pratiquer une activité physique pendant 2h30 par semaine à intensité modérée. De récentes études ont montré que pratiquer une activité physique pendant deux minutes à très haute intensité aurait les mêmes avantages. Ces activités doivent être pratiquées avec assiduité tout au long de la vie car ses bénéfices peuvent disparaître après deux mois d’inactivité.

Mais alors pourquoi les médecins rechignent-ils à prescrire du sport ? "Le sport fait peur", constate le cardiologue François Carré. Le patient atteint d'une maladie chronique et son médecin craignent en tout premier lieu l'accident cardiaque, alors que "le risque est infime et les bienfaits largement supérieurs", précise-t-il. "Nous passons en moyenne 12h par jour assis!" s'exclame quant à elle Martine Duclos, médecin du sport et diabétologue. "Déjà, avec dix minutes, on diminue de 15% la mortalité précoce", ajoute-t-elle.

Six maladies chroniques visées

Lors de la présentation du guide, la présidente de la HAS, Dominique Le Guludec, a souligné la nécessité de la prescription pour une meilleure efficacité : "même non remboursée, une activité physique est mieux suivie si elle fait l'objet d'une prescription écrite".

Le guide détaille des recommandations précises pour six maladies chroniques : surpoids et obésité, diabète de type 2, hypertension artérielle, bronchopneumopathie chronique obstructive, maladie coronaire stable et accidents vasculaires cérébraux. Un questionnaire d’aptitude et une grille d’évaluation des risques et de la condition physique font partis des outils mis à la disposition des médecins afin de les aider à prescrire la bonne dose de sport.

Strasbourg, la pionnière

Depuis 2012, Strasbourg est le laboratoire du sport sur ordonnance. Le dispositif, porté par la ville et adopté par 350 médecins généralistes, a touché plus de 2 500 patients. Il s'adresse aux personnes atteintes de diabète, obésité, cancers du sein et du côlon, hypertension, maladies cardiovasculaires, sida, ainsi qu'aux personnes âgées fragilisées.

Depuis, une soixantaine de villes ont embrayé le pas mais "nous avons un problème de financement", déplore le Dr Feltz, médecin généraliste et adjoint au maire de Strasbourg en charge des politiques de santé. Les villes demandent "que la sécurité sociale s'engage" avec les autres financeurs (collectivités territoriales, mutuelles, hôpitaux ...), comme c'est le cas à Strasbourg.

Les pouvoirs publics travaillent actuellement à la mise en place d’une politique de promotion de l’activité physique par ordonnance. La HAS, quant à elle, poursuit ses travaux. Elle prévoit la publication, pour 2019, de recommandations pour la prescription d'activité physique à destination d'autres pathologies comme les cancers, l'insuffisance cardiaque chronique et la dépression, ainsi qu'aux personnes âgées et femmes enceintes.