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Prévention

La dépression a progressé en France entre 2010 et 2017

Par la rédaction

Les Français sont plus nombreux à souffrir de dépression depuis 2010. Les femmes, les personnes à faibles revenus et les chômeurs arrivent en tête du classement. 

Tzido / iStock

En France, on estime que près d’une personne sur cinq a souffert ou souffrira d’une dépression au cours de sa vie. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, cette pathologie touche plus de 300 millions de personnes dans le monde. La prévalence de la dépression dans l'Hexagone a augmenté de 1,8 points entre 2010 et 2017, selon un récent rapport de Santé Publique France, notamment chez les femmes (+3 points), les 35-44 ans (+4 points), les chômeurs (+5 points) et les personnes à faibles revenus (+3 points).

A titre de comparaison, en 2017, parmi les personnes âgées de 18 à 75 ans, la prévalence de la dépression était estimée à 9,8% et était deux fois plus élevée chez les femmes (13,0%) que chez les hommes (6,4%). Elle apparaissait la plus élevée entre 18 et 44 ans (environ 11,5%) puis diminuait de façon linéaire à partir de 45 ans. Chez les hommes, la prévalence était maximale entre 18 et 34 ans et chez les femmes entre 35 et 44 ans. Les individus avec un statut socio-économique défavorisé présenteraient un risque 1,8 fois plus important de faire une dépression que ceux venant d’un milieu favorisé. Les événements de vie comme les ruptures affectives (divorce, veuvage) accroîtraient aussi les risques de dépression.

Qui sont les plus touchés ?

Parmi les personnes qui travaillent, le taux de prévalence de la dépression était de 8,2%. Les secteurs les plus touchés étaient l’hébergement, la restauration ainsi que les activités financières et d’assurance. Les professions intermédiaires et les employés présentaient les plus fortes prévalences de dépression (environ 12% chez les femmes vs 6% chez les hommes). Les hommes cadres apparaissaient les moins touchés (4,5%).

"Le milieu du travail étant un environnement favorable pour développer des actions de promotion et de prévention en santé mentale, ces résultats devraient permettre d’orienter des actions de prévention notamment dans les secteurs d’activité les plus touchés", précisent les experts Astrid Chevance et Raphaël Gaillard.

La dépression au travail

Concernant les facteurs psychosociaux au travail, le risque d’avoir eu une dépression au cours des 12 derniers mois était plus élevé chez les hommes et les femmes actifs occupés ayant, au cours de l’année écoulée, eu peur de perdre leur emploi, ayant été victime de menaces verbales, d’humiliations ou d’intimidation et ayant été frappés ou blessés physiquement.

L’OMS (Organisation mondiale de la Santé) estime que les troubles dépressifs représentent le 1er facteur de morbidité et d’incapacité sur le plan mondial. Ainsi, on compte plus de 300 millions de personnes souffrant de dépression dans le monde, un chiffre en augmentation de plus de 18 % par rapport à 2005.

Quels sont les symptômes d’une dépression ?

La dépression est décrite comme un faisceau de symptômes dont l’humeur (tristesse, perte de plaisir ou anhédonie) n’est qu’une dimension aux côtés de fonctions instinctuelles (sommeil, appétit et libido) et de fonctions cognitives et motrices fortement altérées. "Par ailleurs, pour que le syndrome soit pathologique, il faut que soient objectivées une souffrance clinique et/ou une altération des fonctionnements professionnels, familiaux et sociaux de la personne", précisent les experts.

Selon l’INPES, les symptômes d’une dépression se caractérisent par : vivre une période d’au moins deux semaines consécutives en se sentant triste, déprimé ou sans espoir, pratiquement toute la journée, presque tous les jours ; vivre une période d’au moins deux semaines consécutives en ayant perdu intérêt pour la plupart des choses, pratiquement toute la journée, presque tous les jours ; se sentir épuisé ou manquer d’énergie plus que d’habitude ; avoir pris ou perdu au moins cinq kilos ; avoir plus que d’habitude des difficultés à dormir ; avoir beaucoup plus de mal que d’habitude à se concentrer ; avoir beaucoup pensé à la mort ; avoir perdu intérêt pour la plupart des choses comme les loisirs, le travail ou les activités qui donnent habituellement du plaisir.

Dépister la dépression sur Facebook

Une étude menée par des chercheurs américains des Universités de Pennsylvanie et de Stony Brook a démontré que l’analyse des posts Facebook pourrait permettre d’améliorer le dépistage de la dépression.

Les chercheurs ont analysé les données partagées par les utilisateurs consentants au cours des mois qui ont précédé le diagnostic de dépression. Ils ont découvert que leur algorithme pouvait prédire avec précision la dépression future. Pour y parvenir, ils ont mis en évidence un champ lexical de la dépression, qu’ils ont appelé "marqueurs de langage associés à la dépression", par l'emploi de mots tels que "larmes" et "sentiments" ainsi que l’utilisation de pronoms à la première personne tels que "je" et "moi" en font partie. 

"Ce que les gens écrivent sur les réseaux sociaux et en ligne représentent un aspect de la vie auquel il est très difficile d'accéder en médecine et en recherche", a constaté H. Andrew Schwartz, auteur principal de l'étude. "Il s'agit d'une dimension relativement peu exploitée par rapport aux marqueurs biophysiques de la maladie."

Quoi qu'il arrive, sachez que toute rupture prolongée avec ses habitudes, quelles qu'elles soient, doit alerter.