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Expérience

Microbiote : en vivant dans la jungle, l'estomac de plusieurs enfants s'est modifié naturellement

Par Johanna Hébert

Pour participer à une étude, un groupe de volontaires composé d'adultes et d'enfants a quitté la ville pour vivre dans la jungle aux côtés d’une tribu indigène vénézuélienne. Ce changement de mode de vie a eu un impact sur le microbiote des enfants.

BrasilNut1 / iStock

On le sait depuis quelques temps, notre estomac -et plus particulièrement les bactéries qui peuplent nos intestins- conditionne la santé de tout notre corps. Auparavant, les scientifiques estimaient que notre microbiote était fixé depuis l’âge de trois ans. Mais une nouvelle étude, publiée sur le journal en ligne mSphere, remet cela en question. Car des enfants plus âgés ont vu l’intérieur de leurs intestins se modifier.

Un séjour dans la jungle

Pour mener cette étude, un groupe de cinq personnes, composé d'adultes et d'enfants, a quitté la capitale du Venezuela, pour passer 16 jours en compagnie des Ye’kwana, une tribu indigène qui vit dans la jungle. "Dans ce village, il n’y a pas d’économie de marché, pas de bodega, pas de coca-cola, donc cela représentait le changement radical d’un régime composé de nombreux aliments transformés à un régime naturel", explique Maria Gloria Dominguez-Bello, auteure principale de l’étude. Les chercheurs ont ainsi cherché à comparer les bactéries intestinales et cutanées des citadins à celles des villageois.

Des changements sur les enfants

Au-delà du choc culturel, les participants à l’étude ont subi un choc alimentaire. Les Ye’kwana mangent deux fois par jour et se nourrissent exclusivement de soupe, de viande et de poisson. Entre les repas, ils grignotent du manioc. Aussi, les participants n’ont pas eu la même hygiène puisqu’ils se sont lavés dans la rivière, sans savon ni dentifrice. Aucun produit industriel ni transformé donc. Pendant l’étude, les chercheurs ont prélevé des échantillons de microbes sur le nez, la bouche, la peau et les excréments des participants. Aucun microbiote de visiteur adulte n’a changé pendant le séjour.

Or, chez deux enfants du groupe, âgés entre 4 et 7 ans, le nombre de bactéries de l’intestin a augmenté. Le microbiote nous protège des maladies ou encore, extrait les nutriments des aliments. Seulement, l’étude nous montre que les adultes sont comme "coincés" avec le microbiote qu’ils ont. D’où l’importance d’avoir une alimentation variée dès le plus jeune âge.

"Ces résultats soulèvent une possibilité intéressante que les enfants urbains qui consomment tôt dans la vie une alimentation plus traditionnelle, riche en fibres, faible en gras et peu transformée puissent cultiver un ensemble plus diversifié de microbes intestinaux", écrivent les chercheurs. Des études plus approfondies sont à réaliser car l’échantillon actuel se base uniquement sur deux enfants.