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100 fois plus puissante que le cannabis

Cannabis de synthèse : 71 overdoses en deux jours sur le campus américain de Yale

Par Charlotte Arce

Connu sous les noms de "K2" ou "Spice", le cannabis de synthèse continue à faire des victimes sur les campus américains. La semaine dernière, ce sont 71 cas d’overdose qui ont été recensés sur le campus de l’Université de Yale, aux États-Unis.

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Les étudiants la surnomment "K2", "Spice", "Black Mamma" ou encore "Mr. Nice Guy". Encore relativement peu connu en France, ce cannabis de synthèse poursuit son inquiétante progression sur les campus américains, où il jouit d’une impressionnante notoriété malgré les risques pour la santé.

Le site de CBS rapporte ainsi qu’à la mi-août, cette drogue synthétique a occasionné plus de 70 overdoses en l’espace de 2 jours à New Haven, Connecticut, où se trouve le campus de la prestigieuse Université de Yale. Selon les autorités, la plupart des cas d’overdose ont eu lieu au New Haven Green, un parc du centre-ville tout proche de l’Université. 6 victimes ont été retrouvées dans un état grave mais aucun décès n’a été signalé.

Une drogue 100 fois plus puissante que le cannabis… et bien plus dangereuse

Ce n’est pas la première fois que ce fameux cannabis de synthèse fait des ravages chez les jeunes Américains. Facile à acheter sur Internet, cette drogue synthétique est réputée pour produire les mêmes effets que le véritable cannabis, mais aussi de décupler ses effets. 85 à 100 fois plus puissante que la marijuana, elle est par ailleurs indétectable via les tests de dépistage car privée de THC, le principe actif du cannabis.

Ce qui ne l’empêche pas d’être extrêmement dangereuse pour la santé. Interrogée par Ouest France, le Dr Agnès Cadet-Taïrou, responsable du pôle Tendances récentes et nouvelles drogues à l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) met en garde les éventuels consommateurs : "Ces molécules, les cannabinoïdes synthétiques, sont nombreuses et diffèrent selon les produits. Elles sont surtout beaucoup plus puissantes que le THC."

Un enjeu de santé publique aux États-Unis

D’où les multiplications d’overdoses outre-Atlantique. CBS rapporte ainsi que plus tôt cette année, le K2 a été associé à au moins 22 cas de saignements graves - du nez, des gencives et de l'urine - dans la région de Chicago. En 2017, des dizaines de personnes au regard vide ont été aperçues en train de trébucher comme des zombies dans un quartier de Brooklyn après avoir consommé cette drogue de synthèse.

Et la recrudescence n’est pas près de s’arrêter. En 2012, le National Institute on Drug Abuse révélait que 11% des adolescents américains avaient déjà testé le cannabis de synthèse.

"Ces produits peuvent être vendus sur Internet sous forme de poudre ou de liquide, mais ils sont surtout mélangés à des feuilles broyées ressemblant au cannabis standard, poursuit le Dr Cadet-Taïrou. Il s’en vend également sous forme dite ‘e-liquide’, utilisée avec des cigarettes électroniques. Et comme il existe une multitude de molécules, il est à la fois difficile de savoir précisément ce qu’il y a dedans et il n’existe pas d’effets standards : pour certains, le produit aurait un effet relaxant, sédatif ; pour d’autres, c’est un euphorisant. Mais les effets secondaires sont nombreux."

Les conséquences sur la santé sont souvent désastreuses : accidents cardiaques, problèmes de rein et de foie, confusions, malaises, tensions artérielles, états psychiatriques délirants et paranoïaques qui conduisent parfois à la mort.

L’objectif désormais, aux États-Unis : mieux informer le public sur les ravages causés par le K2 et lutter contre son expansion auprès des étudiants et adolescents. Pour en finir avec ces multiplications d’overdoses, le gouvernement fédéral a déjà interdit de nombreux cannabinoïdes synthétiques spécifiques, tandis que des États et des villes comme New York ont adopté leurs propres lois visant d'autres cannabinoïdes synthétiques.