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Pays-Bas

Pays Bas : une étude sur le viagra prend fin après la mort de 11 bébés

Par la rédaction avec Mathilde Debry

Onze bébés sont morts pendant la grossesse de leur mère dans le cadre d’une étude clinique menée aux Pays-Bas. Les chercheurs pensaient que le viagra, médicament initialement prescrit pour les problèmes d’érection, pouvait favoriser l’afflux sanguin dans le placenta et ainsi stimuler la croissance des fœtus. 

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"Je m'attendais à ce qu'ils me disent que le médicament fonctionne si bien que nous n'aurions plus le droit de le refuser aux patients du groupe placebo. Mais les chiffres de tous les hôpitaux participants ont raconté une autre histoire. Non seulement la mortalité infantile était beaucoup plus élevée chez les femmes qui prenaient du viagra, mais leurs bébés souffraient aussi beaucoup plus souvent d'une maladie pulmonaire grave." Wessel Ganzevoor, gynécologue et directeur de recherche, se désole dans les médias néerlandais, et pour cause. Il vient d’interrompre une étude clinique responsable de la mort de 11 fœtus.

Initialement, le médecin et son équipe voulaient aider les femmes enceintes de fœtus grandissant trop lentement. A 22 semaines, quand un bébé pèse 300 grammes au lieu de 600, son taux de survie est de 40 à 50%, et ceux qui naissent avec cet important retard de croissance sont en mauvaise santé.

Favoriser l’afflux sanguin dans le placenta

Aucun médicament ne parvenant aujourd’hui à traiter ce problème, les chercheurs ont pensé que le viagra, médicament initialement prescrit pour les problèmes d’érection, pouvait favoriser l’afflux sanguin dans le placenta et ainsi stimuler la croissance du fœtus. Cette prescription a pour effet principal de dilater les vaisseaux sanguins.

Un essai thérapeutique est lancé en 2015, avec la collaboration de 10 hôpitaux des Pays-Bas. 93 femmes portant un fœtus en retard de croissance ont commencé à prendre du viagra pendant leur grossesse, tandis que 90 autres, dans la même condition obstétrique, ont reçu un placebo. Résultats : 19 bébés confrontés au viagra in utero sont morts pendant la grossesse. 11 décès ont été directement associés à la prise de la fameuse pilule bleue, responsable d’hypertension pulmonaire. 6 bébés du groupe test sont par ailleurs nés prématurés, avec de graves problèmes pulmonaires, là aussi liés à la prise du stimulateur. Dans le groupe témoin, seulement trois bébés avaient ces problèmes pulmonaires, et les neuf décès sont dus à d’autres causes.

"La dernière chose que vous voulez, c'est faire du mal aux patients"

"Je suis choqué. La dernière chose que vous voulez, c'est faire du mal aux patients", culpabilise Wessel Ganzevoor dans le quotidien De Volkskrant. "J'espère que les patients ne seront pas découragés par ce rapport, car des études scientifiques de ce genre sont utiles si vous démontrez que quelque chose ne fonctionne pas ou fonctionne de manière contre-productive. Cela empêchera l'arrivée sur le marché de médicaments qui nuisent aux patients", positive-t-il.

Aucune des femmes recrutées pour cette étude n’a eu de complication due à la prise du médicament. Au Canada, des scientifiques menant une étude similaire ont interrompu temporairement leur recherche.

Tension élevée dans les artères des poumons

L’hypertension pulmonaire se manifeste par une tension élevée dans les artères des poumons. Les artères sont rétrécies, ce qui rend la circulation du sang plus difficile. La pression peut être élevée du côté droit – dans les vaisseaux sanguins qui transportent le sang du cœur vers les poumons pour l’oxygéner, ou du côté gauche – dans les vaisseaux sanguins qui transportent le sang riche en oxygène des poumons vers le cœur.

Les ventes mondiales de Viagra représentaient 1,5 milliard d’euros en 2012. La pilule bleue existe depuis 20 ans et a montré son efficacité dans le soin des troubles de l’érection. Des chercheurs ont récemment rassemblé les résultats de recherches déjà réalisées sur le Viagra et ses dérivés, et démontré son efficacité dans le traitement de cancers rares, comme celui du pancréas, du mélanome et du gliablastome. Pour l’heure, les études sont toujours en cours (en phase I ou II), mais il semblerait que dans ce cadre, le viagra "présente plusieurs effets anticancéreux qui peuvent avoir une valeur thérapeutique".