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Infectiologie

Un cas de dengue diagnostiqué près de Bordeaux : quels sont les risques ?

Par la rédaction avec Mathilde Debry

Un cas de dengue importé du Benin a été détecté sur la presqu’île d’Ambès, en Gironde. Le maire, qui avait réclamé une démoustication préventive au printemps, ne décolère pas.

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Selon l’EID (Etablissement interdépartemental de démoustication du littoral atlantique), un cas de dengue a été diagnostiqué à Ambès, une commune du Sud-Ouest de la France, tout près de Bordeaux. France 3 Aquitaine précise qu’il s’agit d’un cas importé du Bénin, c’est-à-dire que la personne a été piquée par un moustique en dehors de la France Métropolitaine.

Du 1er mai au 6 juillet 2018, 60 cas importés de dengue ont été répertoriés par l’INVS, dont 22% ayant séjourné sur l’Ile de la Réunion, et 5 ont concerné des personnes qui habitent en Nouvelle-Aquitaine. Une épidémie de dengue sévit actuellement sur l’Ile de la Réunion, avec 4 604 cas (biologiquement confirmés ou probables) signalés entre le début de l’année et le 12 juin 2018.

Le traitement à base de deltaméthrine

"Cette nuit, le premier traitement à base de deltaméthrine a été réalisé par les équipes de l’EID. Je me demande pourquoi le Conseil Départemental, la Préfecture, l’ARS et la DDTM optent pour un traitement curatif et hautement toxique en pleine zone urbaine plutôt qu’un traitement préventif biologique dans les marais, ce qui aurait permis d’abaisser la densité vectorielle et ainsi limiter la propagation potentielle de maladies. Est-ce que cela suffira pour que nos grandes instances ouvrent enfin les yeux et prennent en compte l’avis des élus locaux ?", s’indigne le maire le maire d’Ambès, Kevin Subrenat.

Un arrêté préfectoral a été pris en début de semaine en Gironde. Il a autorisé dans la nuit de lundi à mardi un épandage à base de deltaméthrine, un produit qui permet l’éradication des moustiques, dans un périmètre de 300 mètres autour de la zone d’habitation concernée.

La dengue peut être mortelle

Rappelons que la dengue peut être mortelle. En Nouvelle-Calédonie, une fillette de six mois est décédée samedi 19 mai au soir à Nouméa des suites de la maladie, en raison de la dégradation de son état général. "Les parents du nourrisson l’avaient conduit au médipôle de Koutio", selon un communiqué du gouvernement. Malgré une prise en charge en soins intensifs, l’évolution de la maladie a été foudroyante. Déclarée en Nouvelle-Calédonie le 22 février, l’épidémie de dengue avait déjà emporté une femme de 74 ans, sans antécédents médicaux particuliers.  

La dengue, aussi appelée "grippe tropicale", est une fièvre hémorragique tropicale liée à un arbovirus, transmis par la piqûre d’un moustique tigre femelle uniquement. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime à 50 millions le nombre de cas annuels dans le monde, dont 500 000 cas de dengue "hémorragique", c'est-à-dire qui sont mortels dans plus de 2,5% des cas. La dengue est initialement présente dans les zones tropicales et subtropicales du monde.

Symptômes de la dengue

Les symptômes de la dengue se manifestent au bout de 3 à 14 jours (en moyenne 4 à 7 jours) après la piqûre infectante. On observe alors un syndrome grippal touchant les nourrissons, les jeunes enfants et les adultes. Il n’existe aucun traitement spécifique. Si la dengue hémorragique est une complication potentiellement mortelle, le diagnostic clinique précoce et une prise en charge clinique rapide permettent souvent de sauver des vies.

"Si l’on est infecté par la rougeole, on est immunisé à vie, rappelle Henrik Salje, statisticien et épidémiologiste au sein de l’unité Modélisation mathématique des maladies infectieuses à l’Institut Pasteur. Avec la dengue, c’est différent. Si on est infecté par l’un des virus de la dengue, on s’immunise contre ce virus mais pas contre les trois autres. Et lors d’une seconde infection, par une autre forme du virus, les personnes ont davantage de risques de tomber très malades."

Stratégie vaccinale adaptée contre la dengue

Il est ainsi très compliqué de définir une stratégie vaccinale adaptée contre la dengue. Pour y parvenir, des chercheurs de l'Institut Pasteur ont récemment décidé d’étudier avec un œil neuf les données détaillées d’une cohorte de patients thaïlandais constituée entre 1998 et 2003 par des chercheurs de l’université de Buffalo et de Walter Reed. Pour cela, ils ont développé un modèle mathématique et statistique sur mesure. La cohorte en question rassemble les données relatives à 3 451 enfants d’une région rurale du nord de la Thaïlande. Ces derniers ont subi une prise de sang tous les 90 jours pendant 5 ans, ce qui a permis aux chercheurs d’avoir accès à leur niveau d’anticorps au fil du temps. Ces enfants ont également bénéficié d’un suivi rapproché pour savoir s’ils présentaient les symptômes de la dengue.

Toutes ces données réunies ont ensuite permis d’alimenter le modèle élaboré par l’équipe et d’associer, après un traitement statistique sophistiqué, des niveaux d’anticorps à un risque plus élevé de complication. "La caractérisation des risques individuels va permettre de surveiller des populations de la même manière et de déterminer quand une population pourrait être collectivement à risque de présenter des taux élevés de dengue", se félicite Derek Cummings, co-auteur de l'étude et professeur de biologie à l'Université de Floride.