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Cancer

Première thérapie ciblée efficace contre les métastases du cerveau

Par le Dr Jean-Paul Marre

Une nouvelle thérapie ciblée peut rendre le tissu de soutien du cerveau, la "microglie", hostile à l’implantation des métastases. Il s’agit de la première stratégie thérapeutique ciblée s’appuyant sur la correction d’une altération de la glie qui est uniquement liée à la métastase.

selvanegra/istock

Les métastases cérébrales des cancers représentent un défi majeur en cancérologie. Près de 40% des cancers sont associés à des métastases du cerveau, métastases qui aggravent le pronostic car elles sont difficiles à traiter (chimiothérapie et radiothérapie).

Une nouvelle étude parue dans Nature Medicine révèle l’intérêt de corriger les altérations du microenvironnement de la métastase dans le cerveau pour les traiter : 75% de réponses ont été obtenues avec un bloqueur du gène STAT3 à la surface des cellules de la microglie. Des résultats qui pourraient être obtenus quelle que soit la tumeur initiale.

Rendre la microglie hostile aux métastases

Le rôle du microenvironnement dans lequel se développe une tumeur est devenu une option qui est de plus en plus utilisée dans différents types de tumeurs du sang (myélome, LLC...) et de différents organes (poumon, peau...).

Dans le cerveau, la transformation de ce microenvironnement en milieu hostile à tout développement d’une tumeur n’était pas jusqu'ici envisagée. Or, c’est une option qui a été testée avec succès par une équipe de chercheurs espagnoles dans une étude de faisabilité.

La microglie est un domaine d’avenir

Le cerveau ne contient pas que des cellules nerveuses. Autour de ces « neurones », il existe un tissu de soutien, la « microglie », qui a été jusqu’ici peu étudiée et qui ne sert pas seulement à nourrir les cellules nerveuses, mais aussi à les protéger via des fonctions immunitaires.

Parmi les cellules de la microglie, il existe les « astrocytes » qui, en cas de lésion du cerveau répondent par un état d’hyperréactivité favorable au développement des métastases. Cet état d’hyperréactivité est favorisé par l’activation du gène STAT3 et lorsque ce gène STAT3 est supprimé, la viabilité des métastases cérébrales semble fortement compromise.

Sélection d’un inhibiteur de STAT3 via une banque de molécules

Les chercheurs se sont tournés vers une base de données sur les molécules chimiques disponibles dans le monde, qu’elles soient commercialisées ou non commercialisées, la MET platform. Il s’agissait de trouver quelles étaient les molécules capables de bloquer le gène STAT3 dans cette base.

Parmi ces molécules capables de bloquer ce gène, la silibinine, une molécule qui avait déjà été testée dans les tumeurs du cerveau, a été essayée avec succès chez la souris pour bloquer le gène STAT3.

Une réponse remarquable

La silibinine a donc été administrée à 18 malades volontaires souffrant d’un cancer du poumon avec métastases cérébrales, en association à leur traitement standard. La silibinine, en bloquant le gène STAT3 sur les astrocytes de la microglie altérée par les métastases, rend ce tissu hostile à l’implantation de ces tumeurs secondaires dans le cerveau. 

Une réponse clinique sur les métastases cérébrales a été observée chez 75% des malades, dont 20% de réponses totales. La survie globale moyenne de ces malades a été allongée à 15,5 mois contre seulement 4 dans les groupes de malades sous traitement standard.

Ce concept est très intéressant car il s’agit de bloquer une altération qui n’existe que dans les cerveaux agressés par les métastases et ceci quelle que soit le type de la tumeur d’origine. Cette molécule, ou d’autres inhibiteurs de STAT3 doivent maintenant être testés dans une étude contrôlée et comparative.