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Chez les enfants de moins de 2 ans

Contrairement aux recommandations, tripler les doses de vitamine D ne renforce pas les os des nourrissons

Par Charlotte Arce

La supplémentation en vitamine D des nourrissons est-elle vraiment indispensable ? Alors que celle-ci est recommandée par les pédiatres, une nouvelle étude finlandaise affirme que tripler la dose de vitamine D pour les enfants en bas âges n’aurait aucun effet sur les os.

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C’est une habitude que connaissent bien les parents de jeunes enfants : leur donner chaque jour, au moment du bain ou du repas, quelques gouttes d’un complément alimentaire de vitamine D pour renforcer leur os et leur garantir une bonne santé. Pourtant, selon une étude finlandaise, tripler les doses de vitamine D n’aurait aucune incidence sur la santé osseuse des jeunes enfants.

Publiés dans la revue JAMA Pediatrics, ces nouveaux travaux remettent en question les recommandations faites par les médecins et notamment en France par la Société française de pédiatrie (SFP), qui préconise une supplémentation en vitamine D de tous les enfants, et ce, dès leur naissance.

La vitamine D, indispensable à la santé des os

Produite naturellement par notre organisme lorsque notre peau est exposée au soleil, la vitamine D est essentielle à notre bonne santé car c’est grâce à elle que notre corps absorbe le calcium. Selon une étude parue en 2016 toutefois, 40% des Européens souffriraient d’une carence.

Une carence en vitamine D peut être particulièrement grave lorsqu’elle survient chez des enfants car elle les expose au rachitisme. Si elle n’est pas traitée à temps, cette maladie du squelette peut entraîner des complications orthopédiques telles qu’un retard de croissance, des déformations osseuses comme les jambes arquées ou des fractures multiples. D’où les recommandations de supplémentation en vitamine D pour les femmes enceintes, les nourrissons et les enfants en bas âge.

Afin de déterminer quelle est la dose idéale de vitamine D à administrer, des chercheurs finlandais rattachés à l’hôpital pour enfants et au centre de recherche en pédiatrie, de l’Université d'Helsinki et de l’hôpital universitaire de la ville ont procédé entre 2013 et 2014 à un essai clinique randomisé sur 975 nourrissons en bonne santé et sans carence en vitamine D. Tous étaient blancs, nés à Helsinki et ont été suivis de leur naissance jusqu’à leurs 2 ans.

Parmi ces enfants, la moitié a reçu chaque jour pendant 2 ans la dose de complément de vitamine D recommandée, soit 400 unités internationales (UI). L’autre moitié a reçu 1 200 UI/J, soit trois fois la dose recommandée.

Un triplement de la dose inefficace

Pendant les deux années qu’a duré l’essai clinique, les parents des enfants ont été invités à noter toutes les maladies infectieuses de leur bébé à leurs 6, 12 et 24 mois. À l’issue des deux années, les chercheurs ont mesuré la solidité osseuse des enfants. Ils n’ont constaté aucune différence entre les deux groupes et en ont conclu qu’une dose plus élevée "n'apporte aucun avantage supplémentaire pour la solidité des os ou pour l'incidence des infections déclarées par les parents au cours des deux premières années de vie". "Un complément quotidien de 400 UI de vitamine D3 semble suffire pour prévenir toute carence en vitamine D chez les enfants de moins de deux ans", concluent les chercheurs.

Même s’il s’agit ici du plus grand essai clinique randomisé portant sur la supplémentation en vitamine D de la naissance à la petite enfance, l’étude n’est pas sans limite. Ainsi, elle n’a porté que sur des enfants à la peau blanche. Or, on sait que le risque de carence en vitamine D est plus élevé chez les bébés à la peau pigmentée car les rayons du soleil pénètrent moins bien. Les chercheurs n’ont pas non plus pris en compte la prise de complément de vitamine D pendant la grossesse.

Quelles sont les doses recommandées ?

Pour éviter les carences, la Société française de pédiatrie recommande fortement une supplémentation quotidienne en vitamine D de la naissance à 18 mois, puis pendant les mois d’hiver entre 18 mois et 5 ans. Voici ses préconisations depuis 2012 :

- Chez le nourrisson allaité : 25 à 30 mg (1 000 à 1 200 UI) par jour pendant toute la durée de l’allaitement.

- Chez l’enfant de moins de 18 mois nourri au lait enrichi en vitamine D : ajouter un complément de 15 à 20 mg (600 à 800 UI) par jour.

- Chez l’enfant de moins de 18 mois nourri au lait de vache non enrichi en vitamine D : 25 à 30 mg (1 000 à 1 200 UI) par jour.

- Chez l’enfant de 18 mois à 5 ans : 2 doses de charge trimestrielle de 2 000 mg ou 2 500 mg (80 000 ou 100 000 UI) en hiver, l’une en novembre, l’autre en février.

- Chez l’adolescent de 10 à 18 ans : 2 doses de charge trimestrielle de 2 000 à 2 500 mg (80 000 ou 100 000 UI) en hiver, l’une en novembre, l’autre en février, pouvant être remplacées par une dose semestrielle unique de 5 000 mg (200 000 UI) quand le risque d’oubli de la 2eme dose semble élevé.