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Des spécialistes répondent

Météo : faut-il prendre de la vitamine D ?

Un mois sans soleil et les Français ont le moral en berne. Mais prendre de la vitamine D sera inutile : mieux vaut profiter de l'instant présent et se concentrer sur le positif.

Météo : faut-il prendre de la vitamine D ? doubichlou/Flickr




En France, le mauvais temps règne depuis la mi-mai. La mauvaise humeur aussi. Il faut dire qu’entre les inondations et les orages cataclysmiques, seules quelques villes sont parvenues à passer entre les gouttes, pourtant abondantes.

Le manque de soleil favorise-t-il les troubles de l’humeur ? La vitamine D permet-elle d’y échapper ? A l’heure où une étude, parue dans le Journal of General Internal Medicine, semble remettre en question l’intérêt de cette supplémentation, Pourquoidocteur fait le point.

Synthèse liée au soleil

Lutte contre la dépression, prévention de la sclérose en plaques et des chutes… Les bénéfices attribués à la vitamine D sont nombreux et variés. En réalité, « la plupart des gens n’en ont pas besoin », tranche Michael Allan, spécialiste de la médecine fondée sur les faits au sein de la faculté de médecine de l’université d’Alberta (Canada). Ce Canadien a passé en revue la littérature publiée au sujet de cette molécule qui se comporte de la même manière qu’une hormone. Son objectif : faire le point sur 10 idées répandues.

Les conclusions de Michael Allan risquent d’en décevoir plus d’un : en l’état actuel, seul un effet de la supplémentation en vitamine D est confirmé. Elle a un impact mineur sur la réduction des chutes et des fractures chez la personne âgée.

En traitant un groupe de personnes à haut risque pendant 10 ans, un incident sur 50 sera évité. « Une personne de 40 ans ne tirera sans doute pas de bénéfice de la vitamine D », résume Michael Allan. Rien de très concluant en faveur de ces compléments alimentaires.

Mais alors, d’où vient ce lien entre vitamine D et dépression ? La vitamine D est avant tout synthétisée par l’organisme grâce à l’exposition à la lumière du soleil. Il est donc facile d’imaginer qu’avec un temps maussade, l’humeur suive. Un lien que les internautes n’ont pas tardé à établir.

 

 

 

 

« Un biais d’observation »

En fait, le lien entre vitamine D et météo n’est pas nettement établi. « Quand on prend de l’eau sur la tête, notre humeur peut être maussade mais on n’observe pas de survenue de maladies dépressives, admet le Pr Michel Lejoyeux (1), responsable du service psychiatrie et addictologie à l’hôpital Bichat (Paris). Mais attention à ne pas confondre la morosité avec quelque chose qui relève du soin. »

Mais un fossé sépare la dépression saisonnière et le mauvais temps. Si la déprime passagère est plus fréquente en hiver qu’en été, c’est en partie du fait de la météo. Un autre facteur entre en jeu : l’ensoleillement. « En ce moment, même s’il ne fait pas beau, l’éclairage est plus fort qu’en hiver lorsque le soleil est présent, tempère le Pr Antoine Pelissolo, chef du service de psychiatrie à l’hôpital Henri-Mondor (Créteil).

Pour cet expert, l’association entre météo et mauvaise humeur se produit pour une raison très simple : nous serions plus attentifs à nos états d’âme lorsque le parapluie est de sortie. « C’est un biais d’observation. On fait le rapprochement quand c’est concordant, mais on ne fait attention que quand on se sent mal et qu’il ne fait pas beau », résume le Pr Pelissolo. Les recueils moins chargés en émotion ne confirment pas cette association.

Profiter de l’instant

Reste que la morosité ambiante s’observe au quotidien. Alors, qu’est-ce qui fait ronchonner les Français ? Pour les deux psychiatres contactés par Pourquoidocteur, la réponse est claire : ce n’est rien de plus grave qu’une légère contrariété.
« Il existe un lien entre bonne humeur et activité physique, avance Michel Lejoyeux. Le médiateur pourrait être l’inaction. » Il semble effectivement bien difficile de se motiver à faire du sport lorsque le ciel nous tombe sur la tête. Antoine Pelissolo avance une seconde hypothèse : « On ne peut pas avoir les loisirs qu’on souhaitait. C’est un petit facteur de stress. Chez certaines personnes sensibles, cela peut participer au mal-être. »

La supplémentation en vitamine D n’est en tout cas pas une option à prendre à la légère en l’absence de carence. « Je n’incite pas à une supplémentation sauvage dépendant de la météo », tranche Michel Lejoyeux.

Ecoutez...
Antoine Pelissolo, psychiatre à l’hôpital Henri-Mondor : « Ce n’est pas parce qu’on aura eu 3 mois de mauvais temps qu’on sera déficitaire et que ça va s’améliorer en supplémentant. »


Quelques solutions simples permettent de se débarrasser de cette humeur maussade, ou en tout cas de lutter contre. Elles se concentrent sur deux mots-clés : la motivation et l’instant présent.
« Les moments de bonheur ne se limitent pas à une balade au grand air, rappelle Michel Lejoyeux. Il ne faut pas transformer en drame quelque chose de normal. » Se concentrer sur le court terme, profiter d’un bon livre ou d’un morceau de musique sont autant de solutions qui peuvent apaiser l’esprit. Peut-être même, par l’évasion, parviendrez-vous à trouver un rayon de soleil au retour ?

Ecoutez...
Antoine Pelissolo : « Les conseils habituels sont de profiter des bons moments, se ressourcer auprès des autres… et avoir des projets motivants. C’est plus de l’ordre de la motivation trouvée dans d’autres activités. »

 

(1) Michel Lejoyeux est auteur du livre Tout déprimé est un bien portant qui s’ignore (JC Lattès)

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