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Problème de santé publique

Apnées du sommeil : corrigez votre mâchoire ou utilisez un appareil à pression positive, mais agissez !

Par le Dr Jean-François Lemoine

La France compte 15 millions de ronfleurs, dont 3 millions souffrent d’une maladie qui oblige 600 000 d’entre eux à passer leurs nuits en portant un masque branché à un respirateur. D’autres ont recours à de petits appareils pour corriger la mâchoire. Les plus atteints optent pour la chirurgie. 

Aleutie

Cette maladie, qui possède toutes les caractéristiques d’un vrai problème de santé publique et dont, de façon surprenante, on parle peu, s’appelle les apnées du sommeil. De gros ronfleurs qui arrêtent brusquement de respirer, gardent la bouche ouverte quelques secondes, puis reprennent bruyamment leurs ronflements. Dans certains cas, cet arrêt se produit 200 fois par nuit, pendant 45 secondes : deux heures et demi sans respirer qui expliquent la fatigue du lendemain.

Les apnées sont aujourd’hui une cause sérieuse de maladies de cœur et d’accidents de la route par assoupissement - la troisième cause après la vitesse et l’alcool. Des chercheurs allemands ont eu recours à un simulateur pour mener une étude sur le sujet, une sorte de jeu vidéo qui permet de mettre en condition de conduite monotone pendant 60 minutes, avec une vitesse moyenne virtuelle de 100 km/h, avec des conditions climatiques et des obstacles variés. Les résultats montrent tout d'abord que les apnéiques non traités ont en moyenne près de 3 accidents dans ces séances de conduite simulée, et qu'ils ont commis 13 fautes de concentration.

Comment savoir si vous souffrez d'apnée du sommeil ?

Il est simple de savoir si l’on souffre d’apnée du sommeil, d’abord si l’on a la chance de vivre en couple. Ensuite, ces apnées touchent quasi exclusivement les gens trop gros. En cas d’embonpoint et de fatigue anormale, en particulier l’après-midi, il faut faire enregistrer son sommeil lors d’une nuit à l’hôpital pour en être sûr.

En 2017, des chercheurs ont également créé un patch frontal capable de détecter les apnées du sommeil. Selon les résultats d’un essai clinique publiés dans la revue Sleep, ce dispositif permettrait de mesurer les apnées du sommeil avec une efficacité de 87 %. Ce patch composé de capteurs permet de mesurer la pression nasale, la saturation en oxygène dans le sang, le rythme cardiaque, l’effort respiratoire, la durée de sommeil et la position du corps. Sa mise sur le marché pourrait permettre à des milliers de personnes de s'auto-diagnostiquer facilement, avant d'aller consulter un spécialiste. 

Les solutions

Il n’existe pas de médicaments pour régler le problème en dehors de la perte de poids souvent pas facile à obtenir. Deux traitements mécaniques donnent de bons résultats. Le premier consiste à utiliser des prothèses que l’on place dans la bouche au coucher et qui avancent la mâchoire. Mais seules 3 personne sur 10 peuvent les utiliser pour des raisons techniques. Le second traitement consiste à porter un masque nasal fixé avec des sangles et relié à une petite machine, toute la nuit. L’air comprimé que l’on inspire permet ainsi d’éviter que les parois de l’arrière-gorge se rejoignent et entraînent un arrêt respiratoire. Le sommeil devient paisible, grâce à cette machine qui assure un débit d’air continu.

L'étude allemande en a étudié les effets sur la conduite. Et les résultats sont clairs : non seulement l'attention et le niveau d'alerte s'améliorent en 6 semaines, mais surtout, les performances de conduite précèdent ces améliorations. La fréquence des accidents diminue considérablement dès le début du traitement (moins d'un accident à 42 jours) comme celle des fautes de concentration (moins de 5 au lieu de 13 avant traitement). Mal acceptée au début par les malades, elle devient vite indispensable.

Crédit : BVDC/iStock

Quant à la vie  de couple, qui est souvent le premier frein à la décision, il faut savoir que la machine est infiniment moins bruyante que les ronfleurs. La plupart du temps, ces nuits sans sommeil se traduisent d’ailleurs par – lorsque c’est possible – la traditionnelle chambre à part de la soixantaine qui elle non plus ne favorise pas la vie de couple. Un apnéique est quelqu’un de fatigué… donc piètre compagnon. Quelques nuits passées branché à la machine suffisent généralement à redonner une certaine vigueur ! Le traitement est pris en charge par la sécurité sociale.

La chirurgie, le dernier recours

Si les deux traitements précédents ne marchent pas, reste alors la chirurgie - efficace, mais lourde. On sectionne en effet la mâchoire inférieure pour poser des plaques qui l’avancent. Elle ne doit être proposée qu’en dernier recours, mais compte tenu du nombre de gens qui souffrent, elle est de plus en plus pratiquée.

 

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