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Coup de gueule

L'ordre des médecins dénonce un système de santé "à bout de souffle" et réclame une "réforme globale"

Par Anaïs Col

Patrick Bouet, président du Conseil national de l'ordre des médecins, s'indigne dans le JDD ce dimanche de l'état actuel du système de santé français et demande au gouvernement "une réforme globale". 

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Déserts médicaux en zone rurale, pénurie de personnel, saturation des urgences, manque de moyens... Le président du Conseil national de l'ordre des médecins, Patrick Bouet, s'alarme dans le Journal du Dimanche de l'état actuel du système de santé français et demande au gouvernement "une réforme globale". 

Le système de santé "est à bout de souffle ! Nous sommes vraiment arrivés à la fin d'un cycle" et "il y a urgence à tout repenser de fond en comble", explique-t-il, estimant que si "la machine continue de tourner" c'est "grâce à l'engagement des aides-soignantes, des infirmiers, des kinés et des médecins, étudiants, libéraux ou salariés du public et du privé".

Des réformes successives pour "assurer l'équilibre budgétaire"

Patrick Bouet s'indigne des efforts demandés chaque année aux personnels soignants, sans contrepartie et au détriment de la solidarité. "Emmanuel Macron s'était engagé à réformer les retraites mais il n'avait pas prévu de s'attaquer au système de santé. Aussi nous craignons que le projet en préparation au ministère de la Santé soit plus un cataplasme que la réforme globale attendue par l'ensemble de la population", s'inquiète le médecin généraliste en Seine-Saint-Denis, qui estime également que "toutes les réformes successives n'ont eu qu'un seul but : assurer l'équilibre budgétaire. Cela donne le tournis, un plan de retour à l'équilibre chaque année !". Mais pour quel résultat ? 

L'édition 2017 du Panorama de la Santé publié par l'OCDE en novembre dernier avançait que le système de français actuel était performant mais pouvait être amélioré. Depuis 1970 par exemple, l'espérance de vie a progressé de 10 ans dans tous les pays développés pour atteindre 80,6 ans. En France, la moyenne est même de 82,4 ans. La couverture sociale incombe aux patients de ne régler que 7% de la facture santé, faisant de la France le pays développé le mieux couvert. Mais outre ces prouesses, demeurent de nombreuses difficultés telles que le manque de matériel dans les centres hospitaliers, de moyens, ou encore de personnels, notamment de généralistes en zone rurale. 

"Un autre problème important est le regroupement des établissements en groupes hospitaliers de territoire qui s'achève, déclare le médecin. La fausse bonne idée était de mutualiser les ressources et d'assurer une meilleure rentabilité en supprimant des services, en organisant des achats groupés. Dans les faits, cela ne fonctionne pas".

Le système de santé français par rapport à ses voisins

Un classement établi par la revue The Lancet en mai 2017 a comparé les systèmes de santé les plus performants en se basant sur les taux de mortalité de 32 maladies (tuberculose, cancer du sein, leucémie, maladies cardiovasculaires…), toutes ayant une mortalité dite évitable avec un accès efficace et rapide à des soins. Avec un score de 95 sur 100, la principauté d’Andorre se situait en première position, suivie de l’Islande (94) et de la Suisse (92). L’Australie arrivait en sixième position et le Japon, à la 11e place.

La France, quant à elle, avait le score de 88 et tenait la quinzième place de ce classement. Sa politique de lutte contre la tabagisme, moins rigoureuse que dans d'autres Etats, avait été sanctionnée, de même que le taux de décès dus à la "violence collective" - qui pourrait s'expliquer par les différents attentats de masse survenus en 2015 et 2016.