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Étude menée chez la souris

Perturbateurs endocriniens : l'exposition pendant la grossesse modifie la fertilité sur plusieurs générations

Par Chloé Savellon

L'exposition prénatale aux perturbateurs endocriniens peut entraîner l'infertilité précoce sur plusieurs générations, dévoile une étude américaine menée chez la souris. 

Istock/ rez-art
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Certains produits chimiques trouvés dans une variété de produits de consommation couramment utilisés au cours des dernières décennies peuvent contribuer à la baisse substantielle du nombre de spermatozoïdes et la qualité du sperme chez les hommes, suggère une nouvelle étude menée chez la souris, dont les résultats seront présentés lundi 19 mars lors de l'ENDO 2018, 100e réunion annuelle de la Société Endocrine (États-Unis). 

Les chercheurs ont étudié l'effet du phtalate, l'un des perturbateurs endocriniens les plus connus. On le trouve dans une vaste gamme de produits industriels et de consommation, notamment les tuyaux et tubes en polychlorure de vinyle (PVC), les cosmétiques, les dispositifs médicaux et les jouets en plastique. Les auteurs de l'étude ont exposé plusieurs souris mâles à des doses de phtalates durant une période comprise entre 11 jours après leur conception jusqu'à leur naissance.

L'étude a révélé que les souris mâles exposées au phtalate avant la naissance présentaient une quantité réduite de testostérone et de spermatozoïdes. D'après les scientifiques qui ont dirigé ces travaux, cette exposition au phtalate a entraîné une infertilité précoce chez les souris. 

« Ces résultats suggèrent que lorsqu'une mère est exposée à un perturbateur endocrinien pendant la grossesse, son fils et ses futures générations peuvent souffrir d'une diminution de la fertilité ou d'insuffisance hormonale », explique Radwa Barakat, professeur au College of Veterinary Medicine (Illinois, Etats-Unis) et auteur principal de l'étude. 

Des résultats similaires chez les générations suivantes

Les auteurs de l'étude indiquent également que des mâles adultes nés de ces souris ont été élevés avec des souris femelles non exposées, afin de produire une deuxième génération de souris. Le processus a ensuite été renouvelé, donnant naissance à une troisième génération. Lorsque chaque génération de souris mâle a atteint l'âge de 15 mois, les chercheurs ont mesuré leurs niveaux d'hormones sexuelles, leurs concentrations de spermatozoïdes et la motilité des spermatozoïdes (c'est-à-dire la vitesse à laquelle ils se déplacent). 

Les souris mâles de deuxième génération qui ont reçu les doses les plus élevées de phtalate ont présenté des anomalies au niveau de leur système reproductif : concentration de testostérone moins importante, niveaux de spermatozoïdes plus faible et motilité réduite. Ces dysfonctionnements ont également été détectés chez les souris mâles de troisième génération, y compris chez celles qui avaient reçu une dose plus faible du perturbateur endocrinien.

« Cette étude souligne l'importance d'éduquer le public à faire de son mieux pour réduire leur exposition à ce perturbateur endocrinien et prouve qu'il est nécessaire de remplacer ce produit chimique par un produit plus sûr », conclut Radwa Barakat.