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Les limites d'un système

Manque de personnels : à Marseille les hôpitaux publics implosent

Par Anaïs Col

Alors qu'un plan prévoyant la fermeture de 230 lits et la suppression d'au moins 800 postes est susceptible d'être mis en place à l'hôpital public de Marseille cette semaine, la pénurie de personnels en milieu hospitalier continue de dégrader les conditions de travail des soignants et la qualité des soins. 

vilevi/Epictura

A Marseille, la pénurie de personnels en milieux hospitaliers continue de poser problème et pourtant, mercredi, le Comité interministériel de la performance et de la modernisation de l’offre de soins hospitaliers (Copermo) devra se prononcer sur l’éventuelle mise en place du projet de modernisation de l’assistance publique de l’hôpital publique de Marseille, endetté de plus de 1 milliard d’euros. Ce plan, estimé à 300 millions d’euros prévoit la fermeture de plus de 230 lits et la suppression de 800 à 1000 emplois, parmi lesquels figurent 300 à 400 soignants (médecins, infirmières et aide-soignants).

Les syndicats dénoncent les coupes dans les masses salariales : "c’est inacceptable alors que certains services n’ont plus assez de personnels pour fonctionner normalement (...) On est très inquiets parce qu'on nous a annoncé il y a un mois qu'il y aurait 800 à 1 000 suppressions de postes sur l'ensemble de l'APHM, alors qu'il nous faudrait 500 postes de plus", explique Fatiha Ferkous, infirmière et déléguée CGT, citée par France Info. "Quelquefois, dans certains services, on se retrouve seule infirmière pour 20 à 25 malades".

L’implosion des hôpitaux publics

Cette pénurie de personnels dont souffrent de nombreux établissements conduit à une dégradation des conditions de travail des soignants et de la qualité des soins. Sur Twitter le #BalanceTonHosto récence des dizaines de témoignages de médecins, infirmiers et aide-soignants dénonçant la dégradation de la prise en charge des patients, ainsi que leur manque de moyens et de matériel. "Accouchement de 3 patientes réalisés sans aucune péridurale parce que le seul anesthésiste de garde était injoignable et que quand il s'est enfin pointé il sentait l'alcool à 20mètres... On a préféré faire sans", dénonce une interne en quatrième année de médecine. "Patiente décédée 1h plus tôt et là on demande à la famille de débarrasser la chambre de suite en leur expliquant qu'il faut rentabiliser la chambre", dénonce sous un pseudonyme un autre personnel hospitalier.

Des urgences en pagaille, pas ou peu de personnels pour les soigner, une succession de drames, des personnels sous pression, épuisés, le milieu hospitalier français implose de l’intérieur. "S'il faut faire des économies, faisons des économies d'organisation plutôt que de réduction du nombre de personnels consacrés aux soins et à la prise en charge des patients", s’est insurgé sur France Info Michel Tsimaratos, professeur de pédiatrie au CHU de Marseille et signataire de la pétition. "Il y a une vraie difficulté de fonctionnement et une souffrance considérable des agents. Lorsqu'on sait les missions que remplissent les hôpitaux, on doit bien avoir à l'esprit que la richesse des hôpitaux sont les ressources, bien plus que les structures : la qualité de formation des agents, leurs compétences, leur engagement". Mille médecins et cadres de la santé ont co-signé une pétition dénonçant le système de financement des hôpitaux publics. Plutôt discrète sur le sujet, la ministre de la Santé Agnès Buzin a récemment affirmé que "des annonces seront faites en février".