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Universel

Un virus « mutant » offre l’espoir d’un vaccin universel contre la grippe

Par Dr Eric Du Perret

Mettre le vaccin contre la grippe au point est, chaque année, un casse-tête pour les spécialistes qui doivent se livrer à un jeu de suppositions, qui peut se révéler dramatique lorsque leur intuition est mauvaise. C’est pourquoi le fantasme d’un vaccin universel est constant sans que sa mise au point ne soit une réalité. Pourtant une nouvelle hypothèse de travail apporte des résultats prometteurs et permettrait son élaboration.

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Schématiquement le virus de la grippe est entouré par une enveloppe, où apparaissent deux protéines, qui sont spécifiques à ce virus. On les appelle H pour hémaglutinine et N pour neuraminidase. C’est dans l'optique de cibler que se fabrique le vaccin.
Malheureusement il existe des variations chaque année de leur type : 19 pour H ; 9 pour N ; ce qui donne des possibilités infinies de virus, certes d’une même famille, mais différents d’un point de vue immunologique. C’est pourquoi vous avez entendu parler de virus grippaux sous différents noms : H1N1 ou encore H3N2… Certes H1 et H3 ou N1 et N2 sont les formes les plus fréquentes, mais chaque année, nous ne somment pas à l’abri d’une mutation surprise

Une variation antigénique

Depuis la grave épidémie de 2009, le vaccin était assez constant mais une nouvelle souche H3N2, à l'origine de l'épidémie de grippe importante de l'hiver 2017-2018 dans l'hémisphère nord, a perturbé le vaccin cette année
Ces changements, imprévisibles, imposent aux spécialistes du vaccin contre la grippe de voyager chaque année, autant que leur virus, pour espionner ce qu’il se passe dans la vraie vie de l’hémisphère sud. En effet, du point de vue de la grippe, l'hivers commence dans l'hémisphère sud et il a l'avantage de commencer 6 mois avant l'hémisphère nord, ce qui nous laisse du temps pour adapter le mélange de virus pour le vaccin. C’est à partir de ces observations que se  compose la recette du vaccin à venir, dans l’hémisphère nord, l’hiver suivant.
Cela peut paraître une technique un peu archaïque, puisque l’efficacité du vaccin n’est jamais parfaite et oscille entre 60% les bonnes années contre 30% les mauvaises. Les chercheurs le reconnaissent, mais ils n’avaient pas d’autre choix de procédure.

Une nouvelle technique

C’est la revue Science qui l’annonce. Des chercheurs ont modifié un virus de la grippe afin qu’il provoque – chez des animaux – des réactions de défense extrêmement puissantes. Plusieurs tentatives avaient échoué. Il semble que la dernière soit la bonne et qu’on tienne enfin, avec ce virus modifié, l’élément qui manquait à la fabrication de ce que l’on appellera le vaccin universel contre la grippe. Un vaccin dont une seule injection protégera contre la grippe plusieurs années.
Rappelons que l’enjeu est de taille : la grippe touche, selon l’OMS, 5 millions de personnes dans le monde. Le besoin d’une vaccination annuelle est sans doute le principal frein à la vaccination massive. Ce qui ne sera peut-être bientôt plus le cas. On parle quand même de quelques années seulement, parce que les précautions vont être importantes pour fabriquer un vaccin dont la diffusion sera massive et mondiale.