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Pétition

VIH : des personnalités dénoncent le virus de la discrimination

Par Jonathan Herchkovitch

Deux anciennes ministres de la Santé et de nombreuses personnalités ont signé une pétition lancée par un entrepreneur de restauration, Camille Genton.

Camille Genton (Capture d'écran France Info)

« Aujourd’hui, grâce aux traitements antirétroviraux, notre charge virale est indétectable, nous ne pouvons plus transmettre le virus et notre espérance de vie est la même que celle de la moyenne des Français ». Camille Genton, un entrepreneur français à la tête de neuf restaurants à Paris, rappelle dans une pétition publiée sur le site Youscribe ces arguments pour dénoncer les discriminations associées à la séropositivité.

Il constate en effet que, malgré les progrès exceptionnels de ces dernières années, le regard de la société sur les porteurs du VIH est toujours le même. « Nous refusons d’avoir honte de ce que nous sommes », revendique-t-il.

Un entrepreneur sans financements

Car la sérophobie ne se traduit pas seulement dans les relations sociales, mais aussi dans les choix de vie, ou le quotidien. L’entrepreneur de 32 ans, séropositif depuis 7 ans, ne supporte plus devoir mentir aux assurances et aux banques, et ne pas avoir accès à certaines formations ou métiers fermés aux séropositifs. Rendre publique sa séropositivité au travail est également un frein aux promotions.

Camille Genton a notamment souffert des refus de financements. « On ne vous dit pas non parce que vous avez le VIH, c'est plus insidieux, confie-t-il dans Le Parisien. On essaye de vous décourager, les délais pour une réponse s'allongent. J'ai fait le test auprès de neuf banques. Or, si je veux réaliser une affaire, je dois être réactif. J'ai donc menti pour obtenir mes prêts. » Il reconnaît tricher avec la loi, mais oppose son droit d’entreprendre.

« Nous devons choisir nos destinations en fonction des pays qui daignent nous accepter sur leur sol », s’indigne-t-il également dans la pétition, faisant référence à la quarantaine de pays, dont l’Australie, qui interdisent l’accès aux personnes porteuses du VIH.

 

Pour l'égalité des chances

Il a été suivi dans sa démarche par de nombreuses personnalités, séropositives ou non. Françoise Barré-Sinoussi, chercheuse et Prix Nobel de médecine 2008 pour la co-découverte avec le Pr Luc Montagnier du virus du sida en 1983, et deux anciennes ministres de la Santé, Marisol Touraine et Roselyne Bachelot, ont signé la pétition, mais aussi Jean-Paul Gaultier, Nahuel Pérez Biscayart – acteur principal du film 120 battements par minute, Grand Prix du festival de Cannes 2017 –, Inès de La Fressange, la créatrice Agnès B ou encore la journaliste Daphné Bürki et Norbert, le cuisinier et animateur.

D’autres anonymes, médecins, avocats, publicitaires, artistes, entrepreneurs, attachés de direction, ont aussi rejoint la cause. « Ce virus continue d’empoisonner nos vies, regrette Camille Genton. Ce virus de la discrimination et du rejet s’applique à nous comme une double peine. » Pour lui, comme pour les 150 000 porteurs du VIH en France, il réclame « une vraie égalité des chances et de traitement, totale et inconditionnelle ».