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Cellules-réservoirs

VIH : des essais prometteurs pour un candidat médicament

Par Jonathan Herchkovitch

Un petit essai clinique mené en France a donné des résultats intéressants dans la réduction du nombre de particules VIH dans les cellules-réservoirs.

peshkova/Epictura

Les antirétroviraux ont permis des avancées exceptionnelles dans la prise en charge des patients atteints par le VIH. Ils font baisser la charge virale, à tel point qu’elle en devient, la plupart du temps, indétectable. Mais le virus se cache, à l’état latent, dans certaines cellules-réservoirs, où les antirétroviraux ne peuvent pas les atteindre. C’est ce qui, pour l’instant, empêche de guérir du sida.

Et c’est l’un des axes importants de recherche. Une entreprise de biotechnologie française, Abivax, travaille sur un candidat médicament destiné à attaquer le virus dans ces cellules-réservoirs. Et les premiers résultats d’essais cliniques sont encourageants : en seulement 28 jours de traitement, la charge virale dans certaines cellules-réservoirs a diminué de 40 %.

Des résultats meilleurs qu’attendus

Un premier essai clinique de phase 2, destiné à évaluer l’efficacité de la molécule sur des patients, a été mené sur 11 patients traités pendant 28 jours. Le traitement de deux patients a dû être interrompu en raison d’effets secondaires. Sur les cellules T CD4+, chez les 9 autres patients, la charge virale serait passée de 191 à 116 copies/million.

Or, les cellules T CD4+ constituent l’un des principaux réservoirs du VIH. « C’est une étape importante pour valider le potentiel d’ABX464 à devenir un élément clé de guérison fonctionnelle, explique le Dr Jean-Marc Steens, directeur médical d’Abivax. La mesure plus précise nous a permis non seulement de confirmer que [le candidat médicament] a réduit les réservoirs du VIH, mais également de démontrer que l’effet est plus important que dans les études précédentes. »

 

 

Des financements assurés

Les résultats sont donc prometteurs, mais la cohorte très limitée ne permet pas encore de conclure formellement sur le potentiel thérapeutique de la molécule. Un second essai de phase 2, toujours sur un petit groupe de patients (12), a déjà débuté. Il durera cette fois plus longtemps, environ trois mois, et les patients seront traités avec des doses trois fois plus faibles.

Des biopsies rectales – déjà effectuées lors du premier essai, mais qui n’ont pas pu être exploitées – seront à nouveau réalisées, pour quantifier l’inflammation locale des muqueuses de l’intestin et l’infection des cellules-réservoirs, nombreuses dans cette zone. Les résultats devraient être connus au deuxième trimestre 2018.

Après ces résultats intéressants, Abivax a également annoncé avoir trouvé un investisseur, Kepler Cheuvreux. « Sur la base de l'évaluation des besoins en recherche et développement prévus, Abivax est maintenant entièrement financé jusqu'à la fin du deuxième trimestre 2019 », a ainsi déclaré Didier Blondel, directeur administratif et financier d’Abivax.