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Neurochirurgie

Impression 3D : un crâne artificiel implanté sur un patient américain

Par Antoine Costa

Après un traumatisme crânien et des complications, le crâne de Chris Cahill a dû être en grande partie retiré. Il a été remplacé par un autre, identique, en polymère.

John Emerson/Rutgers Robert Wood Johnson Medical School

L’impression 3D se démocratise en médecine, avec des résultats impressionnants. En plus des prothèses externes, mâchoires, côtes, vertèbres et artères (parmi d’autres) peuvent maintenant être replacées par leur clone imprimé en 3D. Cette fois-ci, c’est un crâne qui a été créé pour remplacer celui de Chris Cahill, un Américain de 35 ans, par une équipe de l’école de médecine de l’université Rutgers (États-Unis).

Après un traumatisme crânien sévère, il était resté dans le coma pendant deux mois. Il souffrait de lésions cérébrales au niveau du lobe frontal, et son cerveau était tellement gonflé que son neurochirurgien, le Dr Gaurav Gupta, avait décidé d’« ouvrir » sa boîte crânienne pour faire baisser la pression intra-crânienne. Avec l’idée de remplacer la partie manquante une fois l’inflammation réduite.

Imprimé à partir des scanners

Mais une infection du crâne a poussé le Dr Gupta à chercher une autre solution. Il a alors décidé de tenter l’impression 3D pour remplacer une grande partie de l’enveloppe osseuse qui devait être retirée. Il a contacté une entreprise spécialisée dans le matériel médical, qui a traduit ces clichés en modèle 3D, et conçu une réplique exacte du crâne à partir des scanners que le patient avait passés.

Elle a été imprimée avec un matériau appelé PEEK (polyétheréthercétone), un polymère parfois utilisé en médecine, notamment pour des prothèses cervicales. Il est particulièrement solide, résiste aux attaques du temps, et est biocompatible.

Une fois imprimé et le patient prêt à recevoir sa nouvelle boîte crânienne, l’intervention a pu avoir lieu. Elle s’est déroulée sans encombres, en seulement quatre heures, notamment grâce à la précision de la réplique et à sa conception en deux parties, qui ont facilité sa mise en place.

Un résultat bluffant

Et le résultat, comme le montre la photo ci-dessus, est presque parfait. Pour que l’esthétique soit optimale, l’incision a été pratiquée dans le cuir chevelu, et le patient a reçu une autogreffe de peau. « J’étais nerveux à l’idée de voir à quoi je ressemblais après l’opération, confie Chris Cahill. J’ai été heureux de voir que j’avais exactement la même tête qu’avant, et que je me sentais bien. »

Cette opération spectaculaire n’est pas la première du genre. En 2014, des chirurgiens néerlandais avaient déjà remplacé un crâne par un implant imprimé en 3D. La jeune femme opérée était victime d’une maladie qui provoque un épaississement de la boîte crânienne, entraînant une compression du cerveau. L’intervention avait duré 23 heures.