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Sondage Odoxa

Vaccination obligatoire : les Français sont divisés

Par Audrey Vaugrente

Un Français sur deux ne veut pas de l'obligation vaccinale. Ils s'inquiètent des risques associés à ce geste et jugent les bénéfices insuffisants.

evgenyataman/epictura

La vaccination divise les Français. Et l’élargissement de l’obligation vaccinale n’a visiblement pas amélioré la situation. Annoncé par la ministre de la Santé, le passage à 11 souches obligatoires laisse un goût d’amertume aux personnes interrogées par Odoxa (1). La moitié d’entre elles s’oppose à une telle disposition. Et les théories complotistes ont bon vent.

Parmi les sondés, les jeunes et les femmes sont plus nombreux à douter de l’intérêt d’élargir l’obligation vaccinale. Et la mesure a du mal à passer. Par rapport à 2015, les réserves sur le rapport bénéfice-risque des vaccins sont plus nombreuses.

Des bénéfices avérés

39 % des Français estiment que les dangers associés au geste sont supérieurs aux bienfaits qu’il pourrait apporter. Deux ans plus tôt, ils étaient 27 % à exprimer de tels doutes. Cette progression est d’autant plus inquiétante que la croyance est erronée.

La vaccination obligatoire contre la diphtérie, par exemple, a permis de faire reculer la maladie sur le continent européen. En France, seuls 9 cas sont survenus entre 2002 et 2012… et huit étaient importés. Même résultat pour le tétanos, qui a quasi disparu du territoire.

L’absence de vaccination, elle, comporte des risques réels. Au cours des années 2000, la chute de la couverture vaccinale a provoqué une épidémie en France. Entre 2008 et 2012, plus de 23 000 cas de rougeole ont été diagnostiqués – entraînant 10 décès, plus de 1 000 pneumopathies graves et 30 complications neurologiques. La majorité des patients n’étaient pas immunisés contre le virus. Et le faible taux de protection a favorisé la circulation de celui-ci.


Source : Unicef

Un marché juteux

Malgré cet impact clairement positif, un Français sur deux s’oppose à l’élargissement de l’obligation vaccinale. Si le doute brut reste minoritaire – 8 % des sondés – les Français n’hésitent pas à argumenter leur refus.

Pour plus d’une personne interrogée sur quatre, élargir le nombre de souches obligatoires sert surtout les intérêts de l’industrie pharmaceutique. De fait, le chiffre d’affaires lié au marché du vaccin est juteux. En 2016, ce secteur représentait 42,3 milliards d’euros de CA, soit deux fois plus qu’en 2012.

Mais par rapport au chiffre d’affaires global de l’industrie pharmaceutique, les vaccins ne pèsent pas bien lourd. En 2015, plus de 910 milliards de dollars ont été engrangés – soit 781 milliards d’euros.


Source : LEEM

 

Trop de vaccins

Au-delà de l’argument financier, les Français s’inquiètent aussi pour leur progéniture. 21 % estiment en effet que les vaccins peuvent présenter un danger pour la santé des enfants. Un argument compréhensible, au vu des nombreuses polémiques soulevées sur le sujet.

Mais là encore, des études ont été réalisées, et aucune n’a pu définir de lien entre les vaccinations en cause (hépatite B, papillomavirus, ROR) et les maladies pointées du doigt (sclérose en plaques, myofasciite à macrophages, autisme).


Dernière source d’inquiétude des Français : un sur cinq craint que le nombre de vaccins injectés sur des nourrissons soit excessif. Un doute raisonnable, mais là encore erroné. 8 vaccins de plus ne signifient pas autant d’injections supplémentaires. A eux-seuls, le DTP et le ROR concentrent 6 souches qui deviendront obligatoires : diphtérie, tétanos, poliomyélite, rougeole, oreillons, rubéole.

De plus, la plupart des enfants français sont déjà vaccinés contre toutes ces maladies. 70 % ont bénéficié des doses requises. Mais ce détail, les Français l’ignorent. En moyenne, ils chiffrent à 26 % le taux de nourrissons immunisés contre les 11 souches qui seront obligatoires dès 2018.

 

>> Consultez notre fiche thématique : Vaccins, d'autant plus efficaces si l'ensemble de la population est protégée

 

(1) Sondage Odoxa pour la MNH, Le Figaro et France Inter, réalisé sur Internet auprès de 1 011 personnes âgées de 18 ans et plus.