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Nuisances sonores

Bruit : les aéroports font décoller l’hypertension

Par Ambre Amias

Les riverains des aéroports sont plus exposés à l’hypertension artérielle. Tous les 10 décibels supplémentaires, le risque augmente de 34 %.

Citizen59/Flickr

Vivre près d’un aéroport n’est déjà pas agréable : le bruit est omniprésent, gâche les journées et raccourcit les nuits. Il agace et fatigue, mais pas seulement. Il serait aussi responsable du développement d’hypertension artérielle, d’après une étude de l’université Claude-Bernard de Lyon et de l’Institut français des sciences et technologies des transports, de l'aménagement et des réseaux (IFSTTAR).

Les résultats, publiés dans la revue BMJ, ne sont pas rassurants. Les niveaux sonores ont été relevés autour des aéroports français de Paris-Charles-de-Gaulle, Toulouse-Blagnac et Lyon-Saint-Exupéry, et associés aux données de santé de plus de 1 200 personnes recrutées pour l’étude, pendant 4 ans. Les chercheurs ont remarqué que pour chaque augmentation de 10 décibels dans l’environnement sonore nocturne, le risque d’hypertension grimpait de 34 %, mais seulement chez les hommes.

AVC et infarctus 

Une étude similaire, réalisée autour de l’aéroport d’Athènes, donne des résultats encore plus impressionnants : la hausse du risque a été évaluée à près de 70 %.

Or, l’hypertension artérielle est un facteur de risque de maladies cardiovasculaires, AVC et infarctus, en particulier chez les personnes âgées. Une étude américaine publiée en 2013 avait conclu qu’une hausse similaire de 10 décibels augmentait le taux d’hospitalisation pour des maladies cardiovasculaires de 3,5 %. Chez les personnes âgées vivant près d’un aéroport, 2,3 % des hospitalisations seraient dues au bruit.

Des adaptations parfois compliquées

Il y a un an, l’autorité de contrôle des nuisances aéroportuaires français (ACNUSA) a proposé que les avions les plus bruyants ne puissent pas décoller entre minuit et 5h30 du matin. Les perturbations du sommeil seraient en effet les plus susceptibles de provoquer cette hausse de risque cardiovasculaire. Les aéroports de Nice et de Toulouse l’ont déjà adoptée, sans que leur activité ne s’en voie trop affectée.

Mais pour des aéroports de plus grande ampleur, la tâche s’avère plus compliquée. L’aéroport d’Orly est enclavé en pleine zone urbaine du sud de Paris. De l’autre côté de la capitale, 55 000 décollages et atterrissages sont enregistrés entre 22h et 6h du matin à l’aéroport Charles-de-Gaulle chaque année. L’adaptation paraît impossible.

D’autres pistes sont évaluées par l’ACNUSA, comme la création d’un fonds proposant aux riverains des aéroports de racheter leur logement à une valeur correspondant au prix d’un marché sans nuisances sonores.

Les investissements massifs pour améliorer la situation peuvent paraître inutiles. Mais le bruit n’est pas anodin : à Paris, les nuisances sonores causées par les transports seraient responsables d’une chute de 7 mois de l’espérance de vie.