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QUESTION D'ACTU

Bio-matériaux

Sports : un t-shirt «vivant» et auto-ventilé limite la transpiration

Des aérations fabriquées à base de cellules bactériennes et greffées sur un maillot s’ouvrent sous l’effet de la chaleur et de l’humidité du corps, pour le rafraîchir.

Sports : un t-shirt \ Crédits : Hannah Cohen




Connectés, bardés de technologie ou de nanomatériaux qui modifient leurs propriétés thermiques au gré de la météo, ou durcissent pour protéger temporairement des soldats sous le feu des balles… Les technologies textiles sont en pleine révolution, et nous pourrions bientôt trouver dans nos boutiques un polo chauffant en hiver et rafraîchissant en été.

Mais une équipe du prestigieux Massachussetts institute of technology (MIT) va encore plus loin : pour créer un t-shirt respirant destiné aux athlètes, ils ont utilisé… des bactéries ! Plus exactement, il s’agit de cellules d’E. Coli non pathogènes. Greffées par petits patchs sur un maillot de coureur, elles se comportent comme de petits clapets de ventilation.

Aérations vivantes

Les chercheurs du MIT ont utilisé l’une des propriétés de ces bactéries : sous l’effet de l’humidité, elles gonflent. « Ces cellules sont assez solides pour tordre le substrat sur lequel elles sont appliquées », précise Wen Wang, chercheuse au département d’ingénierie chimique du MIT, et auteure principale de l’étude publiée dans Science Advances.

Avec l’aide de 14 de ses collègues spécialisés en stylisme, en ingénierie mécanique et biologique, et avec la collaboration de chercheurs de la marque New Balance, ils ont monté des patchs bactériens de tailles variant d’un ongle à un doigt sur des couches de latex. Lorsque le t-shirt est sec, les bactéries se contractent et le latex se resserre, et lorsqu’il est humide, les E. Coli gonflent, et écartent les mailles du tissu, laissant ainsi circuler l’air. Répété une centaine de fois, le cycle de séchage et d’exposition à la vapeur n’a, en plus, pas provoqué de dégradation majeure au tissu.

Courir au sec et dans la nuit

« J’avais l’impression de porter un climatiseur sur le dos », s’est enthousiasmée Wen Wang après avoir testé le maillot elle-même sur un vélo d’appartement. Les chercheurs ne l’ont en effet pas conçu au hasard. Pour définir le positionnement, la taille et le rendement des aérations, ils ont étudié les zones du dos pour dresser un schéma de chaleur et d’humidité. Visiblement avec discernement, puisque lors de tests en conditions d’exercice, les bactéries s’activaient juste au moment où les athlètes signalaient qu’ils commençaient à avoir chaud.

La conception de ce vêtement ressemble encore à de la science-fiction, et semble inaccessible. Mais pas nécessairement, affirment les chercheurs du MIT. Les procédés d’ingénierie génétique utilisés permettraient de préparer les cellules rapidement, et en grandes quantités. Ils se sont même permis, pour leurs prototypes, de rajouter une autre propriété : la phosphorescence. De la même manière que pour les aérations, les patchs de bactéries peuvent aussi s’illuminer avec la montée en humidité des athlètes.

Des bactéries dans tous les textiles ?

« Nous pouvons combiner nos cellules avec des outils génétiques pour introduire encore d’autres fonctionnalités », ajoute Wen Wang. La technologie a aussi été adaptée pour des chaussures. Soumises à la chaleur et à l’humidité, les aérations s’ouvrent et s’allument.

Les chercheurs tentent maintenant de commercialiser leur produit, en collaboration avec des marques de produits destinés aux sportifs. Ils étudient également d’autres dispositifs similaires, comme des rideaux ou des draps qui réagissent à la moisissure. Notre linge de lit nous dira peut-être bientôt quand nous devons le laver.

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