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2000 cas par an

Paludisme : la France détient le record de cas importés

Par Anne-Laure Lebrun

Avec le Royaume-Uni, la France compte le plus grand nombre de cas importés de paludisme. Ils viennent pour la majorité du Mali, du Niger et du Tchad. 

Arne Hoel/The World Bank/Flickr

La France et la Grande-Bretagne recensent le plus grand nombre de cas importés de paludisme au monde, révèle une étude internationale publiée dans The Lancet Infectious Diseases. Des résultats qui confirment que les maladies infectieuses ne restent plus confinées aux pays endémiques, et que tous les pays du monde peuvent être menacés.

Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs de l’université de Southampton (Grande-Bretagne) ont modélisé l’importation des parasites responsables du paludisme depuis les pays touchés par cette maladie vers une quarantaine de pays considérés exempts entre 2005 et 2015. Ils se sont appuyés pour cela sur les données rapportées par chaque Etat rassemblant plus de 50 000 cas.


La France est la plus touchée

En dix ans, près de 14 000 personnes infectées dans des régions endémiques ont voyagé vers l’Europe ou l’Amérique du Nord, et plus de la moitié de ces cas étaient issus d’Afrique de l’Ouest. Tous les ans, quelques 4 000 malades se sont rendus en France (2 169 cas en moyenne chaque année) et en Grande-Bretagne (1 898 personnes). Viennent ensuite les Etats-Unis (1 511 cas détectés), l’Italie (637) et l’Allemagne (401).

 

Source : Cas annuel moyen exporté ou importé entre 2005 et 2015. University of Southampton 

 

En cartographiant ces mouvements de populations, les chercheurs ont également pu mettre en évidence les facteurs influençant ces flux vers un pays ou un autre. Ils expliquent en effet que l’histoire, l’économie, les liens culturels ou les langues partagées avec les anciennes colonies jouent un rôle clé dans ces déplacements. De fait, la France accueillent plutôt des Maliens, Nigériens et Tchadiens, tandis que la migration au Royaume-Uni provient du Nigéria, Ghana et Kenya.

 

Source : Connexions entre les pays endémiques et ceux exempts du paludisme. University of Southampton

 

Risque d'épidémie dans les pays non-endémiques

« Les cas importés de paludisme peuvent être coûteux à traiter, ils contribuent à l’émergence des résistances aux traitements, et peuvent entraîner des épidémies localement et défient notre capacité à éradiquer la maladie, commente Andrew Tatem, professeur de géographie à l’université de Southampton. Ces travaux permettent de mieux comprendre les mouvements de population infectée et ceux du parasites, ce qui permettra d’améliorer les stratégies d’élimination ».

Par ailleurs, ces cas importés détectés sont la partie émergée de l’iceberg. En effet, dans les régions endémiques une partie de la population est porteuse asymptomatique. Or, si ces dernières sont piquées par un moustique vecteur de la maladie, l’insecte peut transmettre l’agent pathogène à un grand nombre de personnes.

En 2015, plus de 3 milliards de personnes, soit près de la moitié de la planète, étaient exposées au paludisme. Près de 214 millions de personnes ont été infectées et 438 000 sont décédés.