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Semaines de 70 heures

CHU de Brest : les anesthésistes en grève pour le temps de travail

Par Julian Prial

Au CHU de Brest, les anesthésistes demandent le respect strict de la directive européenne sur le temps de travail. Face à des semaines de 70 heures, ils ont déposé un préavis de grève. 

CHAMUSSY/SIPA
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Ca chauffe entre les médecins du CHU de Brest – Cavale Blanche et leur direction. Dans un communiqué publié ce dimanche, le Syndicat National des Praticiens Hospitaliers Anesthésistes-Réanimateurs Elargi (SNPHAR-E) annonce avoir déposé un préavis de grève pour réclamer l’application stricte de la directive européenne sur le temps de travail des salariés (48 heures maximum). Cet établissement rencontre depuis de nombreuses années de grandes difficultés à recruter ces spécialistes médicaux, si bien qu'aujourd'hui l'établissement est au bord de l'implosion.

Un tiers des postes en anesthésie vacants 

La situation est telle qu'à l'heure actuelle, 10 postes sont vacants sur un effectif total de 32. Deux anesthésistes intérimaires interviennent donc tous les jours pour pallier les manques d'effectif. Mais cette l'organisation n’est plus tenable, d'après le syndicat. Les médecins en poste se plaignent en effet de réaliser du temps additionnel au-delà des 48 heures hebdomadaires « avec une compensation très inférieure à la rémunération des intérimaires. Ils doivent aussi régulièrement renoncer à leurs congés », ajoute le SNPHAR-E. Résultat, ces praticiens hospitaliers(PH)  font 60 à 70 heures chaque semaine. Harassés, plusieurs anesthésistes envisageraient même de quitter rapidement l'hôpital, confie le syndicat.

48 heures et pas plus 

Face à cette dérive, ces PH demandent « le respect strict » de la directive européenne sur le temps de travail « qui s’applique à tous les salariés européens », rappellent-ils. Ils souhaitent que les calculs d’effectif pour le dimensionnement des équipes se basent sur une durée hebdomadaire de travail posté (auprès des patients) de 44 heures afin d’avoir un peu de temps pour réaliser des tâches dites non cliniques (enseignement, recherche, organisation, ...). Elles font en théorie partie du travail normal de tout médecin hospitalier, en particulier en CHU.
De son côté, la direction ne leur propose qu’une activité postée de 48 heures hebdomadaires, transformant ainsi une borne supérieure en durée normale de travail. Bref, un problème irrésoluble pour le moment... 

Des effets collatéraux sur les patients 

« C’est une politique à haut risque dont les conséquences pourraient conduire à une désertification médicale dans cette spécialité avec nécessairement des effets collatéraux sur les patients », concluent ces syndicalistes. A ce sujet, quelques faits divers ont récemment émaillé la réputation de l'établissement. Suite au calvaire qu'elle y aurait vécu aux urgences avec sa tante de 65 ans, Vanessa Douguet a adressé en mars dernier une lettre ouverte à cet hôpital qui a été partagée par près de 19 000 internautes sur le réseau social Facebook . 

Et un mois auparavant, un homme de 89 ans était mort sur un brancard dans un couloir, alors qu'il attendait des soins. Dans ce contexte de vives tensions, le personnel réclamait déjà à l'époque meilleures conditions d’accueil, de prises en charge des patients et de travail du personnel.  Un débrayage et une manifestation avaient même eu lieu sur le site.