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Agence de biomédecine

PMA : la carte de France des inégalités d'accès

Par Julian Prial

Des disparités régionales importantes en termes d'accès à la PMA sont constatées dans le dernier bilan annuel de l'Agence de la biomédecine, portant sur les activités de 2014.

3dmentat/Pix5
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Père scientifique d’Amandine, le premier bébé éprouvette français, et de dizaines d’autres enfants conçus in vitro, le Pr Réné Frydman, gynécologue-obstétricien, porte un regard positif sur l'évolution de la médecine reproductive. Interrogé récemment dans Pourquoidocteur, il confiait : « sur le plan technique, il y a eu de grandes avancées comme la congélation des ovocytes. Nous avons également beaucoup appris sur l’embryon et la stérilité masculine, l’approche génétique. Néanmoins, nous sommes encore très en deçà de ce que l’on souhaiterait puisque le taux de succès est autour de 25 à 30 % selon l’âge des femmes ».
Mais au-delà de ce problème sur l'efficacité se cache une autre réalité pour les femmes qui y ont recours : d'importantes disparités régionales en termes d'accès à l'Assistance Médicale à la Procréation (AMP), anciennement appelée PMA, sont à nouveau constatées dans un bilan publié ce jeudi par l'Agence de la biomédecine (ABM).

Des temps d'accès inégaux... 

Portant sur l'année 2014, l’activité de PMA y est rapportée à la population des femmes âgées de 18 à 45 ans pour chaque région. L'Agence de la biomédecine constate des disparités régionales qui vont de 0,3 à 7,2 inséminations et de 1,7 à 7 fécondations in vitro par millier de femmes.
Les régions ayant une activité importante en insémination comme en fécondation in vitro sont l’Ile-de-France, les Pays de la Loire, Rhône-Alpes, Bretagne et PACA. « Ces données reflètent l’activité des régions, mais ne tiennent pas compte des flux des patients dont les lieux de résidence sont éloignés des centres », prévient immédiatement l'Agence.
Mais elle cite aussitôt une précédente étude cartographique rappelant que seules 4,7 % des franciliennes de 20 à 44 ans habitent entre 30 et 60 minutes d’un centre d’AMP. A l’inverse, 54 % des femmes sont dans cette situation en Picardie.


Jusqu'à plus de 90 minutes parfois 

« Ce fort taux s’explique par la dispersion homogène de la population dans la région, liée à l’étalement urbain et sa mixité avec les espaces ruraux », écrit-elle. L'Agence conclut : « en y ajoutant la composante population, certains de ces territoires apparaissent en relative difficulté ». 
Elle cite par exemple la Bourgogne, où 30 % des femmes en âge de procréer résident à moins de 30 minutes du centre d’AMP le plus proche (les résidentes de la Côte-d’Or) mais où 25 % sont situées entre 30 et 60 minutes et 45 % à plus de 60 minutes du nord au sud de la région.
Idem en Champagne-Ardenne qui présente des caractéristiques comparables avec 19 % des femmes e localisées entre 30 et 60 minutes d’un centre, 36 % à plus de 60 minutes.
Mais le situation est encore pire ailleurs où des femmes sont à plus de 90 minutes d'un centre d'AMP... C'est le cas d'une vaste zone du massif Alpin par exemple. Une contrainte à doubler car le trajet de retour au domicile n’est ici pas pris en compte !

 

Les enfants nés après AMP

Selon l’INSEE, en 2014, 818 565 nouveau-nés ont vu le jour en France. Les enfants, conçus après une AMP réalisée en 2014, au nombre de 25 208, représentent 3,1 % des enfants nés de la population générale cette année-là. Ce taux augmente légèrement (2,6 % en 2009, 2,7 % en 2010, 2,9 % en 2013). Un enfant sur 32 est donc issu d’AMP en 2014.

Plus en détails, l'Agence de la biomédecine note que 5,4 % des enfants conçus par AMP sont nés grâce à un don (1 372 enfants). 4,4 % des enfants sont issus d’un don de spermatozoïdes (1 107 enfants), 0,9 % d’un don d’ovocytes (239 enfants), 0,1 % d’un accueil d’embryons (26 enfants).

On peut ainsi estimer qu’en 2014, dans la population générale, près d’1 enfant sur 625 a été conçu grâce à un don de gamètes ou d’embryons. Et parmi les 25 208 enfants nés issus d’une AMP réalisée en 2014 : 26 % (6 567 enfants) ont été conçus par insémination intra-utérine, AMP la plus simple, la moins invasive et la moins coûteuse. L’insémination intra-utérine vient ici confirmer sa place dans le panel des traitements de l’infertilité, 18,6 % (4 680 enfants) sont issus d’une congélation embryonnaire. Ce nombre en constante augmentation (16 % en 2013, 14 % en 2012) témoigne de la place croissante des transferts différés d’embryons congelés dans la stratégie de prise en charge des couples en AMP.