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Baromètre Ipsos-Secours populaire français

Pauvreté : les plus démunis sacrifient leur santé

Par Anne-Laure Lebrun

Près de 40 % des Français ont déjà été confrontés à la pauvreté. Pour ces foyers modestes, retarder ou renoncer aux soins médicaux est une obligation.

ALLILI MOURAD/SIPA

Dix ans après la crise économique de 2007, plus de la moitié des Français ont peur d’être un jour confrontés à la pauvreté, révèle le 10e baromètre Ipsos pour le Secours populaire français. Et ils sont encore bien plus nombreux (83 %) quand il s’agit de leurs enfants. Pour cette association, cette angoisse décrite par les personnes interrogées illustre une fois de plus la dégradation des conditions de vie des précaires et une augmentation du nombre de personnes à aider.

Car les résultat de ce nouveau sondage et les rapports des différentes antennes de l’association convergent : un grand nombre de Français ont basculé dans la pauvreté ces dernières années. En 2016, près d’une personne sondée sur quatre confie avoir déjà vécu dans la pauvreté, en particulier les femmes. Une partie non négligeable de Français doivent apprendre à s’en sortir avec peu de moyens et quelques bouts de ficelles.


Privation de soins

Se déplacer, manger, s’habiller, se soigner… Pour les foyers modestes, des choix difficiles s’imposent au quotidien. Le baromètre 2016 montre qu’ils sont nombreux à retarder ou renoncer complètement à des soins, notamment en optique et dentaire. « La moitié des Français dont le revenu mensuel net du foyer est inférieur à 1 200 euros ont déjà dû reporter ou renoncer à une consultation chez un dentiste (+22 points par rapport à 2008) et plus d’un tiers chez un ophtalmologiste (39 % ; +9 points) », indique Amandine Lama, directrice d’études chez Ipsos Public Affairs. Ils sont d’autant plus enclins à renoncer à ces soins, parfois indispensables, que disposer d’une mutuelle est financièrement compliqué pour plus de la moitié d’entre eux. Le travail ne semble plus garantir la possibilité de se soigner.

« Le baromètre 2016 est révélateur des stigmates d’une crise persistante, mais aussi d’une fragilisation de la société française. L’insécurité sociale gagne du terrain et le renoncement aux soins est devenu en 2016 une réalité qui accroît la vulnérabilité des plus pauvres », déplore Fabienne Chiche, du Secours populaire français.

Un constat sombre dont les Français ont bien conscience. Près de 7 Français interrogés sur 10 jugent que les inégalités d’accès en matière de santé se sont aggravées au cours des dernières années. Ils sont alors très nombreux à soutenir les associations comme Le Secours populaire français qui investissent ce champ et proposent aux plus démunis de consulter des professionnels de santé.