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Journée Internationale de Prévention des Overdoses

Drogues : les résultats de notre questionnaire

Par la rédaction

A l'occasion de la Journée Internationale de prévention des overdoses, Pourquoi Docteur a réalisé une série d'articles et interrogé les lecteurs par le biais d'un questionnaire. Résultats.

Mel Evans/AP/SIPA

C’est la question que tout usager se pose lorsqu’il ingère une drogue. Jusqu’où aller ? Quelle est la dose qui permettra d’obtenir les effets optimaux, sans générer de réaction négative ? Lorsqu’il teste ses limites, le consommateur craint deux choses : le « badtrip » pour son psychisme, et la surdose pour son corps. C’est un risque qu’il prend, qu’il pense maîtriser. Parfois, pourtant, il se trompe.

Quand on évoque l’overdose, on s’imagine les situations les plus terribles. On pense à la morphine, à l’héroïne, à tous ces opiacés auxquels une poignée plus ou moins importante de consommateurs est dépendante. En France, les cas sont rares. Aux Etats-Unis, au contraire, une épidémie de surdoses aux opioïdes décime la jeunesse ; 28 000 personnes sont mortes en 2014. Cela inquiète, mais rassure aussi : c’est loin de chez nous.

Mais l’overdose n’est pas le lot des injecteurs et des toxicomanes marginaux, loin s’en faut. Son ombre plane sur toutes les substances – alcool, cocaïne, amphétamines…  et menace tous les publics qui les consomment, à des degrés divers et selon des mécanismes variables. Le 31 août se tient la Journée Internationale de prévention des overdoses. Pourquoi Docteur y consacre une série d’articles afin de faire le tour de ce phénomène accidentel mal connu et sous-estimé.

 

A l’occasion de cette semaine thématique sur l’overdose, nous vous avons interrogés par le biais d’un questionnaire sur le regard que vous portez vis-à-vis des consommations de drogues et des mesures qu’il conviendrait de prendre pour encadrer les conduites addictives.


Oui aux salles de shoot

Vous avez été largement favorables à une mesure de réduction des risques désormais bien connue du grand public, du fait de sa forte exposition médiatique : les salles de consommation à moindre risque, qui ont démontré leur capacité à réduire la mortalité par overdose mais aussi la transmissions des maladies infectieuses (VIH, hépatite C) et les troubles à l’ordre public. Près de 65 % d’entre vous sont favorables à leur ouverture. En France, les deux premières verront le jour à Strasbourg et à Paris dans les semaines à venir.

En revanche, la majorité des répondants n’ont pas souhaité revenir sur le régime pénal de l’usage de cannabis. Ainsi, près de 53 % sont défavorables à une dépénalisation de sa consommation, malgré les appels de la communauté médicale pour décriminaliser l’usage afin de favoriser les approches sanitaires et préventives.

 

Un public peu exposé aux surdoses

Concernant le sujet qui nous a plus directement concernés cette semaine, on observe que les overdoses demeurent un phénomène marginal, et à ce titre, peu connues du grand public. Près des trois quarts des répondants n’ont jamais été confrontés, de près ou de loin, à une surdose d’alcool ou de drogues illicites.

Enfin, la plupart d’entre vous estiment qu’un usager de drogue est avant tout un patient, qui nécessite à ce titre d’être pris en charge : seuls 40,3 % pensent que les usagers sont de « simples consommateurs ». Toutefois, la question posée ne permettait pas d’intégrer beaucoup de nuances, notamment sur l’intensité de l’usage, qui détermine probablement la frontière entre un usager maîtrisant sa consommation et une personne qui a développé une addiction.

 

Lire notre série :

Naloxone : le long parcours de l'antidote aux overdoses

Alcool, cocaïne, NPS : des sensations poussées à l'extrême

Addictions : les Australiens engagés dans la réduction des risques

Drogues : comment les centres préviennent les overdoses

 

 

 

Overdoses au cannabis : précisions de l'OFDT

A la suite d’un échange avec l’OFDT, nous avons évoqué dans un de nos articles les cas d’overdoses au cannabis. Nous faisions état d'un taux de 10 % de l’ensemble des overdoses liées aux drogues en France. Cette information s'est avérée erronée et nous souhaitons nous en excuser. A titre de correctif, nous publions les précisions apportées par l’OFDT sur la question.

« Des décès liés au cannabis de plus en plus nombreux ont été observés ces dernières années, mais ce ne sont pas à proprement parler des surdoses, ils sont le plus souvent liés à les complications cardiovasculaires et neurovasculaires », explique François Beck, directeur de l’Observatoire.

« Le mécanisme de surdose signifie qu’à partir d’une certaine dose, tous les individus développent un effet (relation dose-effet). Pour le cannabis, même s’il faut une certaine dose et surtout un usage chronique, il n’y a pas de relation dose-effet, tous les individus ne développeront pas des complications cardiovasculaires au-delà d’une dose seuil. Dans le cas du cannabis, on parle de mortalité imputable au produit ».

« Il a été montré une augmentation du risque de déclencher un infarctus du myocarde dans l’heure suivant la prise de cannabis fumé par rapport aux périodes de non usage. Des cas de morts subites d’origine cardiaque ont été rapportés. Des lésions cérébrales responsables d’accidents vasculaires cérébraux (AVC) chez des usagers réguliers de cannabis, réversibles à l’arrêt du cannabis, ont également été mises en évidence. Si les effets cardiovasculaires du cannabis sont surtout présents et ont potentiellement plus de conséquences pour les personnes plus âgées et/ou avec des maladies cardiaques ou neurovasculaires sous-jacentes, le risque existe également pour les personnes plus jeunes sans terrain cardiovasculaire ».

« Dans la plupart des études, l’influence de la consommation de tabac (qu’il soit fumé ou non avec le cannabis), facteur de risque majeur d’AVC et d’infarctus du myocarde n’est pas précisée, ce qui constitue une limite », souligne également l'OFDT.

L’augmentation du signalement de tels décès liés au cannabis (entre 15 et 31 cas par an ces trois dernières années selon l’enquête DRAMES menée par l’ANSM) pourrait en partie être due à une sensibilisation plus importante des experts à la toxicité cardiovasculaire du cannabis, précise l’OFD. Par ailleurs, « les produits circulant actuellement sont souvent fortement dosés en THC, la substance active du cannabis (la teneur se situe aujourd’hui aux alentours des 15 % en moyenne, contre 5 % à la fin des années 1990) ».

 

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