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Demandes auprès des médecins

Zika : les demandes d'avortement ont doublé au Brésil

Par Mathilde Ledieu

Les demandes d’avortement ont progressé dans les pays américains depuis le début de l’épidémie de Zika. 

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De nombreux pays touchés par l’épidémie de Zika en Amérique Latine recommandent aux femmes de ne pas tomber enceintes, notamment à cause des risques de microcéphalie. Cela peut-il avoir une influence sur le nombre d’avortements dans ces pays où il est souvent limité, voire illégal ?
Pour le savoir, des chercheurs se sont basés sur les chiffres de Women on Web (WoW). Cette association conseille les femmes qui n’ont pas accès à l’avortement et les met en relation avec des médecins qui peuvent leur fournir un traitement abortif.
Les chercheurs ont analysé les demandes en provenance de 19 pays d’Amérique latine entre 2010 et le 2 mars 2016. Ils ont ainsi étudié les différences avant et après l’alerte concernant Zika, lancée le 17 novembre 2015 par l’Organisation Panaméricaine de la Santé (OPS).

 

Les Etats ont été séparés en trois groupes. Dans le groupe A, le virus se transmet sur le territoire, et l’Etat a émis un avis national invitant les femmes à éviter les grossesses. Les pays du groupe B, eux, ne sont pas sujets à une transmission autochtone du virus. Et dans le groupe C, le virus se transmet mais les autorités n’ont pas donné de recommandations. Pour tous, l’avortement légal est restreint ou interdit. Les évolutions constatées ont été comparées à trois pays de contrôle épargnés par Zika.

 

Influence des alertes officielles

Excepté en Jamaïque, les demandes auprès de WoW ont explosé dans les pays du groupe A après l’alerte de l’OPS. Elles ont par exemple doublé au Brésil. L’étude parue dans le New England Journal of Medicine révèle une petite augmentation dans les pays du groupe B, mais aucune évolution significative dans le groupe C et le groupe contrôle.

Les chercheurs ne peuvent pas formellement attribuer ces progressions à Zika, mais elles sont corrélées au nombre de femmes qui ont signalé cette préoccupation dans leur demande d’avortement. De plus, les scientifiques soulignent qu’ils n’ont pas pu prendre en compte les avortements clandestins réalisés par d’autres biais. Ils appellent les autorités des pays concernés à donner les moyens aux femmes de suivre les recommandations officielles. L’Organisation Mondiale de la Santé estime en effet que de 3 à 4 millions de personnes devraient être infectées par le virus d’ici 2017.