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Twitter, MedPics, esanum...

Réseaux sociaux : entre cabinet partagé et salle de garde virtuels pour les médecins

Les médecins n'échappent pas à la mode des réseaux sociaux. Ils sont de plus en plus à discuter de cas cliniques sur Twitter ou des plateformes dédiées (MedPics, esanum, MeltingDoc). 

Réseaux sociaux : entre cabinet partagé et salle de garde virtuels pour les médecins MATHIEU PATTIER/SIPA




L'an dernier à la même époque, l'Observatoire des usages numériques en santé révélait que les smartphones étaient de plus en plus utilisés par les médecins français, y compris en consultation. Et en 2016, ces praticiens ultra-connectés ont décidé de ne pas rester dans l'ombre. Ils sont en effet de plus en plus actifs sur les réseaux sociaux communautaires, comme généralistes.  
Les plus suivis d'entre eux délivrent parfois des messages lus par des centaines, voire des milliers d'internautes. Une communication à usage professionnel, mais pas toujours, d'autres médecins utilisent Internet simplement pour échanger avec leurs confrères ou des patients. Pour connaître les raisons de cette communication, Pourquoidocteur a enquêté sur ces médecins "geeks", en plein dans l'e-santé. 

Leur présence est particulièrement visible sur le fameux réseau social Twitter. Chaque année, les médecins ou professionnels de santé y sont de plus en plus nombreux pour demander des conseils médicaux, ou raconter des anecdotes amusantes de consultations. Parmi eux, le Dr Jean-Jacques Fraslin. Médecin généraliste à Bouguenais, près de Nantes, il compte aujourd'hui plus de 5 500 abonnés à son compte @Fraslin.

Le partage de cas cliniques  

« Au départ, j'étais juste intéressé par l'actualité, notamment médicale ou technologique. Twitter me permettait d'avoir des informations et d'en faire passer », explique-t-il. Puis très vite, la pratique de ces médecins 2.0 change : « On a commencé à beaucoup utiliser le hashtag "#doctoctoc". Très populaire désormais, « il permet d'avoir des avis de confrères sur des cas cliniques, en mettant par exemple des photos d'examen ou un commentaire sur des symptômes dont se plaint un malade », poursuit-il. 
A partir de là, la machine Twitter se met en route. Avec parfois des discussions très techniques entre praticiens. A ce titre, l'outil peut être très utile pour les internes en médecine ou les jeunes praticiens. Les médecins en exercice depuis longtemps, mais isolés, y trouveront aussi leur compte. 

Ecoutez...
Dr Jean-Jacques Fraslin, généraliste à Bouguenais (44) : « Je suis abonné à des comptes de médecins qui ont trouvé des études intéressantes et les publient... »

 

Surtout que ces demandes de conseils médicaux commencent à prouver leur efficacité. Sur ce sujet, chaque médecin bloggeur y va en effet de son anecdote. C'est le cas de l'un d'entre eux, et pas des moindres, le Dr Jacques Lucas (5 866 abonnés sur Twitter). Vice-président du Conseil National de l'Ordre des Médecins (CNOM), il raconte cette fois où ses compétences de cardiologue lui ont permis d'épauler un confrère désœuvré qui venait de lancer un appel à l'aide sur Twitter. « Je suis persuadé que, parfois, ces outils peuvent avoir les mêmes vertus qu'un cabinet de groupe ou une maison de santé pluridisciplinaire », estime-t-il.

Ecoutez...
Dr Jacques Lucas, vice-président du CNOM : « En tant que cardiologue, j'ai déjà apporté une aide à un confrère sur Twitter. Il s'est avéré que cela a été très efficace. »

 

L'anonymat au-dessus de tout  

Egalement délégué général aux systèmes d'information en santé, Jacques Lucas avertit toutefois sur certains dangers des réseaux sociaux. « Même dans le monde du web, le médecin doit respecter les dispositions relatives à la déontologie médicale. D'une part, en étant respectueux des personnes et de leur dignité, d'autre part, en respectant strictement l'anonymat du patient. Comme lorsqu'il publie des photographies de lésion ». 
Un médecin qui disconviendrait à ces deux point principaux se mettrait donc en infraction. Les sanctions qu'il encourt sont par contre inconnues puisqu'il n'y a toujours pas de jurisprudence ordinale sur les réseaux sociaux. 

Précision importante de l'Ordre, « lorsqu'un patient se reconnaît malgré l'anonymat, le médecin se doit de retirer le message, ou la photo ». Une règle qui s'impose aussi à ceux utilisant des pseudos que le Dr Lucas aimerait bien voir remplacer par de vrais noms.

 

Ecoutez...
Dr Jacques Lucas : « A partir du moment où il s'agit d'un médecin, utiliser un pseudo ne l'autorise pas à avoir, vis-à-vis des patients, un comportement qui ne serait pas assumé dans la vie réelle... »

 

Car sur les réseaux sociaux, les dérapages sont vite arrivés. Et les malentendus aussi. Les médecins qui utilisent Twitter, mais en y ajoutant l'humour, en sont visiblement conscients. La preuve avec ceux qui rapportent sur leur compte personnel des phrases prononcées par des patients lors de consultations, avec le hashtag « #ParoleDePatient ». Parmi les anecdotes les plus drôles relevées par Pourquoidocteur, on note celle-ci : « Docteur, cela fait 5 jours que j'ai mal au bas du ventre. Je crois que c'est un gaz qui est coincé ! »

Un esprit salle de garde... mais avec des limites

De quoi rire, c'est vrai, « mais avec des limites », insiste le Dr Jacques Lucas. « Le médecin doit trouver cette frontière humaniste et subtile qui est nécessaire s'il s'essaye à l'humour. Quand il s'agit d'un patient, les propos d'un professionnel ne doivent jamais être perçus comme de l'ironie blessante ou de la dérision », précise-t-il.

Une ambiance « salle de garde » que les médecins revendiquent, « même s'il faut faire attention », reprend le Dr Fraslin. « D'autant plus quand vous êtes beaucoup suivi, y compris par vos propres patients », glisse-t-il. Il rappelle à ce titre la polémique récente survenue aux Etats-Unis, lorsque des chirurgiens ont posté sur des réseaux sociaux des selfies les montrant en salle d'opération devant le corps de patients. 
« On essaye de faire attention et de ne pas être trop méchant, les tweets sur des paroles de patients, c'est plutôt pour faire sourire », avance-t-il.
« L'auto-modération, c'est notre crédibilité », insiste ce généraliste. 

Face aux risques de dérapages, les médecins français semblent maintenant se diriger vers des plateformes dédiées, comme esanum, MeltingDoc, ou encore MedPics. Cette dernière, qui se revendique comme le 1er réseau de partage d’images et de crowdsourcing francophone, compte déjà plus de 13 000 membres. Un Instagram pour médecins que ces derniers plébiscitent, car il assure la confidentialité des échanges. Le Dr Fraslin loue il est vrai le rôle joué par les modérateurs qui valident les cas et vérifient qu'ils soient bien anonymisés. 
« C'est un réseau social où l'identité des médecins est vérifiée et où il n'y a pas de patients. Le risque de rupture de la confidentialité est donc beaucoup moins important que sur Twitter », conclut le Dr Fraslin. Parole de médecin... 

 

La mode des réseaux sociaux n'échappe pas aux médecins. Ils sont de plus en plus à discuter de cas cliniques sur #Twitter ou #MedPics. Témoignages de praticiens connectés

Posté par Pourquoi docteur sur vendredi 26 février 2016
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