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Analyse dans Pain

Douleur : les enfants ne savent pas l’évaluer avant 5 ans

Par Julie Levallois

Inutile de demander à un petit enfant d'évaluer sa douleur sur une échelle de 1 à 10. Il en est incapable avant l'âge de 5 ans.

Eve Edelheit/AP/SIPA
MOTS-CLÉS :

« Aïe », « J’ai mal ! » Ces mots arrivent très tôt dans le vocabulaire d’un enfant. Mais identifier la douleur ne signifie pas forcément pouvoir évaluer son intensité. Les méthodes proposées actuellement ne sont pas adaptées aux capacités cognitives des tout-petits, soulignent deux chercheurs canadiens dans le journal spécialisé Pain. « Utiliser une échelle pour estimer l’intensité de la douleur relève d’un processus mental complexe souvent difficile pour des enfants de moins de 5 ou 6 ans », expliquent Jenny Yun-Chen Chan et Carl von Baeyer.

La compréhension de la douleur évolue par paliers : dès 18 mois, les enfants sont capables de l’exprimer avec des mots et de désigner son origine. Mais ce n’est qu’à partir de 3 ans que le vocabulaire précis se développe et vers 5 ans que les causes, la perception et l’intensité sont assimilées.
Avant cet âge, la souffrance est perçue de manière « idiosyncratique ». L’utilisation de symboles ou d’échelles n’est donc pas possible.

Une hiérarchie difficile

C’est pourtant ce qui est demandé aux enfants d’âge préscolaire. Ils sont placés face à des jetons ou des symboles censés leur permettre de quantifier leur douleur. Mais comme l’expliquent les deux auteurs, l’enfant peut avoir du mal à établir un lien entre l’objet et la souffrance qu’il est censé représenter. Cette capacité n’est développée qu’après 5 ans.
Autre problème, les 2-3 ans sont capables de comparer deux objets. Mais ils ne peuvent pas forcément établir des hiérarchies entre eux, en particulier dans des situations inhabituelles.

Sans compter que, souvent, les enfants se tournent vers leurs parents lorsqu’il s’agit d’évaluer l’impact d’un évènement douloureux, s’il est bénin ou menaçant.

Les chercheurs proposent donc de simplifier l’outil d’évaluation, en ne proposant pas plus de 3 réponses possibles et en prenant compte l’expérience de l’enfant sur les ressentis des douleurs dans le passé.