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Temps de travail

Urgences : "la situation à l'hôpital est proche de celle d'Air France"

Par Bruno Martrette

Le torchon brûle entre les directeurs d'hôpitaux et les urgentistes, à cause du temps de travail. Si les 48h ne sont pas respectées, des grèves auront lieu, annonce le Dr Prudhomme.

DURAND FLORENCE/SIPA

« Dans le contexte social actuel, ce que se disent les urgentistes autour de la table, quand ils mangent, c'est que ça va se terminer, à l'hôpital, comme chez Air France. Les présidents des Commissions Médicales d’Établissements (1) risquent de ressortir de nos services sans leur chemise ! », a confié à Pourquoidocteur le Dr Christophe Prudhomme, urgentiste au Samu 93 (Seine-Saint-Denis).
D'après ce membre de la direction du syndicat CGT Santé, le climat dans les services est tendu, « très tendu même », précise-t-il.
Ces praticiens hospitaliers (PH) sont verts de rage car l'accord sur le temps de travail qu'ils avaient obtenu (39h de travail clinique et 9 réservées aux tâches non cliniques) l'été dernier n'est toujours pas respecté.

60h par semaine au lieu de 48h

Le Dr Christophe Prudhomme explique ainsi que les semaines de 60 heures à l'hôpital continuent. Le président de la Fédération Hospitalière de France (FHF), Frédéric Valletoux, et le Dr Frédéric Martineau, président de la conférence des présidents de CME (1) cherchent « à rejouer le match », selon l'urgentiste.
Il est vrai que ces derniers ont déposé un recours devant le Conseil d'État pour faire en sorte que la circulaire de Marisol Touraine (du 22 décembre 2014), à la source du nouveau référentiel sur le temps de travail, ne s'applique pas. 

Pour comprendre cette opposition, il faut dire que la FHF a évalué le surcoût de la mesure, au minimum, à 90 millions d’euros. « D’un côté, on demande des efforts très rudes aux hôpitaux et, de l’autre, on multiplie les annonces qui alourdissent les dépenses et rendent plus difficiles encore la gestion des équipes hospitalières », déplorait-elle dans un récent communiqué de presse.

Ecoutez...
Dr Christophe Prudhomme, membre de la CGT Santé : « Si on n'applique pas le protocole sur le temps de travail, il y aura des démissions en masse. L'été prochain, il pourrait ne plus y avoir de médecin pour faire tourner les services d'urgences... »

 

Vers des grèves d'urgentistes fin 2015

Des arguments « financiers » que n'entendent pas les syndicats d'urgentistes puisque Christophe Prudhomme annonce déjà de nouvelles journées de grève si l'accord n'est pas appliqué. « Nous avons discuté pendant six mois pour arriver à ce texte. Il devait entrer en vigueur le 1er juillet 2015 », fait-il remarquer.
Pour cette raison, l'ultimatum des syndicats d'urgentistes, dont l'AMUF (2), est fixé au 1er janvier 2015. « Après cette date, des services d'urgences seront complètement fermés plusieurs jours, cela même pendant les fêtes et au moment de l'épidémie de grippe », conclut ce syndicaliste. 

 

(1) La Commission Médicale d’Établissement (CME) constitue, en France, dans chaque établissement public de santé, l'instance représentative de la communauté médicale (médecins et sages-femmes), pharmaceutique et odontologique.

(2) Association des Médecins Urgentistes de France