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Justice américaine

Glyphosate : Monsanto s'inquiétait de sa toxicité depuis 1999

Des rapports et échanges de mails déclassifiés révèlent que Monsanto a tenté de prouver en 1999 que le glyphosate n'est pas cancérigène et mutagène.

Glyphosate : Monsanto s'inquiétait de sa toxicité depuis 1999 defotoberg/epictura




Le glyphosate est-il dangereux pour la santé ? De l’aveu même de son fabricant Monsanto, ce désherbant, mieux connu sous le nom de Roundup, est toxique. C’est en tout ce que révèlent des documents déclassifiés dans le cadre d’une action judiciaire menée aux Etats-Unis, indique Le Monde. Hasard du calendrier, l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) a indiqué ce 15 mars qu’elle ne considérait pas le glyphosate comme cancérogène ou mutagène.

Ces documents, déjà surnommés les « Monsanto papers », ont été rendus publics grâce à une action de groupe portée par une centaine d’agriculteurs américains souffrants de lymphome non Hodgkinien. Au regard des conclusions émises en 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), agence dépendante de l’Organisation mondiale de la santé, ils estiment que leur cancer est lié à l’usage du désherbant sur leurs terres. A l’époque, Monsanto avait qualifié ces travaux de « science pourrie », rappelle le quotidien.

Or les rapports et échanges de mails rendus publics cette semaine montrent que des craintes ont déjà secoué la firme de Saint Louis en 1999. Ces 250 pages indiquent clairement que des cadres Monsanto ont tenté de faire appel à des scientifiques pour défendre leur produit phare auprès des régulateurs européens. L’objectif : prouver que le glyphosate n’est pas un génotoxique, soit une substance capable d’altérer les gènes et provoquer des cancers.

« Prenons un peu de recul et regardons ce que nous voulons vraiment faire, écrit un cadre de l’entreprise à ses collègues. Nous voulons trouver quelqu’un qui est familier du profil génotoxique du glyphosate/Roundup et qui peut avoir une influence sur les régulateurs, ou conduire des opérations de communication scientifique auprès du public, lorsque la question de la génotoxicité [du glyphosate] sera soulevée. »

 

Lobbying

L’entreprise du Missouri contacte alors le Pr James Parry. Le britannique est l’un des plus grands spécialistes du domaine. Après avoir étudié le glyphosate, le scientifique ne joue pas le jeu de Monsanto. Dans son rapport remis à la société il écrit que le Roundup est « clastogène », c’est à dire capable de casser les brins d’ADN er générer des aberrations chromosomiques. Il explique que cette propriété du glyphosate est liée à sa capacité à induire un stress oxydatif. Exactement le mécanisme mis en lumière par le CIRC en 2015.

Bien évidemment, le rapport du Pr Parry ne sera jamais publié. Les cadres de Monsanto l’enterrent et précisent dans leurs échanges de mails qu’ils ne conduiront « simplement pas les études qu’il suggère ». 

En outre, des rapports déclassifiées datant de 2001 indiquent que les surfactants, des produits ajoutées au glyphosate pour booster son efficacité, « sont capables d’augmenter l’absorption du glyphosate par la peau ». Un mécanisme justement dénoncé par les agriculteurs.


"Quelque chose de pourri" en Europe

Dans un communiqué, la firme américaine Monsanto se défend et assure que « le glyphosate n’est pas carcinogène ». Et elle ajoute : « L’allégation selon laquelle le glyphosate peut provoquer le cancer chez l’homme est en contradiction avec des décennies d’études menées par les autorités régulatrices à travers le monde. Les plaignants mettent en avant des documents sortis de leur contexte. »

En Europe, ces révélations passent mal. Pour les eurodéputés socialistes, elles sont une preuve supplémentaire que certaines agences européennes « sont aux mains de lobbys ». « Il est clair maintenant qu’il y a quelque chose de pourri dans le royaume de certaines agences européennes : conflits d’intérêts, absence totale d’indépendance et de transparence. Ce n’est pas acceptable », écrivent-ils appelant à un démantèlement et une reconstruction de « A à Z de l’Agence européenne des produits chimiques ». Ils réclament également l’interdiction de ce produit, et plus largement des perturbateurs endocriniens. « Les décisions ne peuvent plus être reportées à plus tard. Il ne s’agit plus d’appliquer le principe de précaution : la menace est avérée, de l’aveu même de Monsanto », insistent les eurodéputés.

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