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QUESTION D'ACTU

Theresa May sur la sellette

NHS anglais: une crise humanitaire sans précédent

Face à la crise du système de santé public britannique, Theresa May demande aux généralistes d'ouvrir sept jours sept et de 8 à 20 h, sous peine de perdre leurs aides.

NHS anglais: une crise humanitaire sans précédent  Dinendra Haria/Shutters/SIPA




Dans une étude publiée récemment au sein de la revue scientifique BMJ, l'auteur David Oliver décrivait la crise traversée par le système de santé public britannique (NHS). Et la situation ne s'est pas arrangée depuis cet état des lieux publié fin 2016. Interrogée par l'Agence France Presse (AFP), la Croix-Rouge française décrit de son côté une « crise humanitaire » sans précédent. Les médecins britanniques déplorent en effet des conditions dignes du « tiers monde ».

Une photo publiée à la Une du quotidien Daily Mirror a fait notamment le tour des réseaux sociaux.  Elle montre le petit Jack, 22 mois, seulement vêtu d’une couche. Faute de lit, il dort sur une couverture déposée sur deux chaises en plastique rouge. Bien qu’on lui ait soupçonné une méningite, Jack a attendu cinq heures aux urgences avant de voir un médecin.

Une institution sacrée 

Et cette scène n'est pas rare. Comme les hivers précédents, le National Health Service (NHS) est « au bord de la rupture », selon les médecins et les organisations hospitalières. Système de soins gratuit, le cinquième employeur mondial (1,5 million de salariés) est pourtant une institution sacrée au Royaume-Uni. « Notre religion nationale », disait l’ex-ministre Nigel Lawson. Le NHS représente donc un enjeu politique crucial qui décide des élections. Les partisans du Brexit en avaient fait l’un de leurs principaux thèmes de campagne, promettant, chiffres racoleurs et tronqués à l’appui, de renflouer les caisses du NHS avec l’argent qu’il n’y aurait plus à envoyer à Bruxelles.

Mais la crise est plus profonde. Le NHS est un modèle confronté au vieillissement de la population, à la croissance démographique et aux politiques d’austérité. Il aura ainsi suffit de la moindre alerte, comme l’épidémie de grippe cette année, pour enrayer le système. Depuis l’automne, les temps d’attente aux urgences explosent : 23 % des patients ont attendu plus de quatre heures avant de voir un médecin la semaine dernière. Deux patients sont morts sur une civière dans un couloir du Worcestershire Royal Hospital cette semaine. Partout, il manque des lits, des ambulances, des médecins.

Les généralistes à la rescousse 

Le Dr Richard Kerr, membre du Collège royal des chirurgiens, prétend même n’avoir jamais vu une telle détérioration en 26 ans de carrière. La Première ministre conservatrice Theresa May a qualifié ces propos d’« irresponsables et d'exagérés ». Afin de désengorger les urgences des hôpitaux, elle a appelé dimanche les cabinets de médecins généralistes à ouvrir sept jours sur sept et de 8 h à 20 h, sans quoi ils pourraient perdre des aides gouvernementales.

Mais même cette mesure a du mal à convaincre. « Ce n’est pas une crise hivernale, c’est un blizzard dans l’hiver éternel du NHS. On demande au personnel d’offrir un service de première qualité avec des effectifs et un nombre de lits dignes du tiers monde », accuse le Dr Mark Holland, spécialisé en médecine aiguë. Dans un discours très émouvant devant le Parlement, le député Toby Perkins a fait part de sa « honte » d’avoir vu son père « mieux soigné lors de vacances en Allemagne que chez lui ». Il est mort dans ses bras en juillet d’une rupture d’anévrisme après avoir été renvoyé de l’hôpital faute de place.

Le NHS en chiffres

Concédant qu’une « énorme pression pèse sur le NHS », Theresa May assure que « jamais » le gouvernement n’avait autant investi dans le système en injectant 10 milliards de livres supplémentaires sur six ans jusqu’à 2020.

« Faux », a répondu le directeur de NHS England, Simon Stevens. Dans des propos relayés par l'Agence France Presse (AFP), il a affirmé que « le financement du NHS en termes réels (sans tenir compte de l’inflation) va diminuer en 2018-2019 ». « La première ministre est dans le déni », a conclu le leader de l’opposition travailliste Jeremy Corbyn. Lors d’un face-à-face houleux au Parlement mercredi, il a demandé à Theresa May si elle trouvait acceptable ce qui était arrivé à Jack, le bébé contraint de dormir sur une chaise aux urgences.

La première ministre a évoqué un « incident isolé ». « Elle plaisante ? J’ai vu un grand nombre d’incidents isolés en seulement une journée dans un unique hôpital. Il faut qu’elle se réveille », a fulminé Rose, la maman du bébé, dans le Daily Mirror.

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