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QUESTION D'ACTU

Olivier Youinou, infirmier-anesthésiste

Grève des infirmiers : «on ne compte plus les burn out à l'hôpital»

ENTRETIEN – Les infirmiers sont entrés en grève ce 8 novembre. Ils dénoncent les horaires intensifs qu’ils subissent pour des salaires toujours faibles.

Grève des infirmiers : \ CHAUVEAU NICOLAS/SIPA




Ils sont sortis de leurs services pour battre le pavé. Ce 8 novembre, la profession infirmière est en grève générale. Des cars se sont déplacés de toute la France pour une grande manifestation à Paris. A Lille, Lyon, Montpellier et bien d’autres villes de province des défilés sont également prévus. Une mobilisation massive qui reflète bien la crise que travers la profession. Sur les 700 000 personnes appelées à la grève, 12 % ont répondu.
Sous-effectifs croissants, horaires étendus et suicides en hausse : tels sont les problèmes que les syndicats souhaitent combattre.
Pourquoidocteur a contacté l’un des manifestants pour faire le point. Olivier Youinou, infirmier-anesthésiste à l’hôpital Henri-Mondor (Créteil, Val-de-Marne). Il est également secrétaire général adjoint du syndicat Sud Santé.

Quel est l’objet de cette manifestation ?

Olivier Youinou : Les motifs sont les mêmes depuis plusieurs années. Les budgets des hôpitaux sont largement insuffisants si on veut maintenir les missions de l’hôpital public et donner au personnel les moyens de les remplir. Depuis cinq ans, ce n’est pas le cas. Toute la filière soignante, mais aussi les ouvriers et les administratifs, sont touchés par ces politiques d’austérité. Les budgets alloués ne nous permettent pas d’envisager un avenir plus serein. Mais quand on voit la réaction du ministère qui nous propose un comité de suivi, c’est dramatique. On attendait autre chose, une vraie politique volontaire. Traiter les symptômes ne nous satisfait pas.

Vous dénoncez des sous-effectifs chroniques…

Olivier Youinou : On est de moins en moins nombreux à faire du soin pour une population qui augmente. Quand j’ai commencé en réanimation, nous étions cinq par équipe. Aujourd’hui, ils sont trois pour un nombre de patients qui a augmenté. Les jours de repos qu’on m’accordait en début de carrière ne le sont plus aujourd’hui. Le salaire d’entrée, de 1 300 euros, n’est déjà pas encourageant. Si on double cela avec des conditions de travail exécrables, il n’est pas étonnant qu’après 18 mois, les jeunes claquent la porte. La durée de vie des infirmières dans les établissements est de 7 ans en moyenne.

A quoi ressemble une journée type ?

Olivier Youinou : La journée d’un infirmier commence souvent très tôt. On a rarement l’occasion d’amener nos enfants à l’école. Les journées sont chargées et on aimerait avoir des journées de repos. Il faut être bien dans sa tête pour soigner mais aujourd’hui ce n’est plus le cas. On est régulièrement rappelés en raison de manques d’effectifs, d’un arrêt imprévu… Je pense souvent à une jeune infirmière diplômée depuis 18 mois. Elle a voulu quitter l’hôpital car elle n’en pouvait plus. En 18 mois, elle avait cumulé six mois d’heures supplémentaires.

On est loin des 35 heures…

Olivier Youinou : Les hospitaliers n’ont jamais connu les 35 heures. Les horaires peuvent aller jusqu’à quatre fois douze heures dans la semaine. Les deux jours de repos consécutifs ne sont pas garantis toutes les semaines. Cela pèse sur leur quotidien. Les burn out, on ne les compte plus.

Quelles solutions proposez-vous ?

Olivier Youinou : On propose un revirement complet de la politique. Il faut écouter plus ce que les hospitaliers et la population disent. La population, je crois, reste attachée à son hôpital et son système de santé. Mais de 2006 à aujourd’hui, on est passé du premier rang mondial au 24e dans ce secteur. Il faut arrêter cette dégringolade au plus vite. Cela passe par des budgets dignes de ce nom, et non les politiques d’austérité qu’on nous inflige depuis des années.

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