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QUESTION D'ACTU

Deuxième édition

Déserts médicaux : un «Généraliste dating» dans le Finistère

REPORTAGE - En Bretagne, trouver des jeunes médecins pour s'installer est un parcours du combattant. Pour les attirer, des communes ont participé à un "Généraliste Dating".

Déserts médicaux :  un \ Anne-Laure Lebrun/Pourquoidocteur




Dans l’un des couloirs de la Faculté de médecine de Brest (Finistère), une quarantaine de personnes s’agitent pour décorer des stands à l’effigie de 28 communes bretonnes. Boîtes de sardines, caramels au beurre salé, palets bretons sont présentés sur les tables. Des menhirs dressés et des photos des plus belles plages de la région sont également exposés avec fierté.
Au premier abord, on croirait à un salon touristique invitant les étudiants à préparer leurs prochaines vacances à Le Drennec, Mûr-de-Bretagne ou Concarneau. Mais lorsque l’on y regarde de plus près, des messages interpellent : « Recherche un médecin généraliste », « Guiclan wanted 2 médecins », « Possibilité d’installation pour 3 à 4 médecins ».

Ces stands sont tenus par des généralistes en fin de carrière, ou au contraire des jeunes praticiens, des pharmaciens ou des infirmières à la recherche d’un confrère. Un grand nombre de ces professionnels sont soutenus par leurs élus qui ont fait le déplacement pour participer à la 2ème édition du « Généraliste Dating : 60 secondes pour convaincre », organisé par l’Agence régionale de santé (ARS) Bretagne.

« Notre unique médecin a passé l’âge de la retraite et devrait arrêter son activité incessamment sous peu, explique à Pourquoidocteur Jacques Jacob, premier adjoint au maire de la ville de Plougoulm (Finistère). Nous avons crée une maison médicale pour accueillir le cabinet d’infirmières et un cabinet médical pour deux généralistes mais celui-ci est vide depuis plus d’un an et demi. Si nous n’arrivons pas à attirer de jeunes médecins, les professionnels déjà installés pourraient partir ».


Pénurie de jeunes médecins

Un dilemme partagé par toutes ces communes. Alors si les futurs médecins ne viennent pas à eux, médecins et élus ont décidé d’aller à leur rencontre grâce à cette initiative unique. En plus du stand, chacun a dû réaliser un clip vidéo de 60 secondes pour présenter sa situation et séduire les internes et remplaçants invités à l’événement.

Dans un amphithéâtre plein, les 28 vidéos défilent suscitant rires et applaudissements. Chasse aux médecins à Huelgoat, Mission possible pour Plonevez-Porzay, ou dialogue entre Playmobiles pour Douarnenez… Beaucoup de villes ont opté pour l’humour pour faire passer leurs messages. En 60 secondes, elles ont aussi pu présenter leurs spécificités : maison médicale rassemblant des médecins et des paramédicaux, société coopérative d’intérêt collectif, salariat… « Je ne savais même pas qu’il existait toutes ces possibilités », glisse Alysée, interne en médecine générale.

« On est tellement dans la panade qu’il n’existe pas de solution unique.  Il faut les adapter à chaque réalité, en fonction du dynamisme local et de l’engagement des professionnels de santé car rien ne peut se faire sans eux », commente le Dr Jacques Bœuf, médecin généraliste à Douarnenez qui partira à la retraite à la fin du mois de novembre prochain.

De fait, les communes ont dû faire preuve d’inventivité pour répondre aux attentes des jeunes médecins qui ne souhaitent plus être isolés. « Le plus important est de ne pas exercer seul. Nous avons besoin de dialoguer avec nos confrères et les autres professionnels pour améliorer la prise en charge du patient », affirme Yohan, dont l’internat prendra fin dans 2 semaines et qui fait déjà des remplacements. Des futurs médecins qui veulent également avoir le droit à une vie privée, des loisirs, du temps pour eux et leurs familles. Des aspirations d’autant plus présentes que le métier se féminise.

 

 

Ecoutez...
Alysée, interne en 3ème trimestre de médecine générale « Je ne veux pas dormir, boire, manger médecine...»

L'angoisse des charges

Le regroupement permet aussi de mutualiser les moyens, élèment indispensable pour les jeunes médecins. Le poids financier d’un cabinet libéral est, en effet, ce qui retient bon nombre d’entre eux à s’installer. « On est pressurisé par les charges, et pour les payer il faut faire un nombre considérable de consultations, déplore le Dr Guillaume Manoeuvrier, jeune généraliste venu chercher des remplacements pour la commune où il s’installera. C’est de la médecine d’abattage, on ne prend plus le temps de parler aux patients et de faire de l’humain ».

Toutes ces inquiétudes ont aussi habité Vincent Bauta. Interne en 4ème semestre et diplômé fin 2017, il a déjà son bureau dans la maison de santé pluridisciplinaire de Plonevez-Porzay qui ne sera construite qu’à condition qu’un second médecin le rejoigne. « J’ai été voir d’autres communes pour voir ce qu’elles proposaient. Mais c’est surtout l’équipe et la motivation à travailler ensemble à un projet de santé qui m’a décidé à venir m’y installer, explique-t-il. Je suis aux urgences de l’hôpital de Douarnenez en ce moment, et vraiment les patients réclament l’arrivée de nouveaux médecins ».

Dans le cabinet médical de Le Sourn (Morbihan), les difficultés à trouver un médecin ne seront bientôt qu’un mauvais souvenir. La ville s’est engagée à recruter des médecins salariés. Du clé en main qui a déjà séduit deux médecins. « Je ne gère plus l’administratif qui n’est pas en lien avec de la médecine, explique le Dr Jean-Baptiste Cathelain installé dans la commune depuis un an. Et le temps que j’y consacrais auparavant, je peux le consacrer à des patients ». Un modèle de plus en plus recherché par les futurs praticiens.

 

Ecoutez...
Guillaume Manoeuvrier, jeune médecin généraliste : « Sur 12 de mes copains de médecine, seulement 2 continuent à faire de la médecin libérale. Les autres essaient de trouver un emploi en salariat... »

 

 

Si aucun contrat de travail ou installation n’a été signé ce jeudi, plusieurs communes ont reçu des propositions de remplacement ou de stage. L’an dernier, 10 installations étaient prévues, dont une concrétisée. « Nous mènerons une importante opération d’évaluation l’année prochaine à 2 ans de la 1ère édition et à un an de la seconde », indique Sémiya Thouir, référente installation à l’ARS. La prochaine manifestation aura lieu en 2018.

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