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Cortisone

Cortisone : les corticoïdes indispensables contre les douleurs inflammatoires

La cortisone est un « corticoïde », ou « corticostéroïde ». Il s’agit d’une hormone d'origine naturelle dont l’intérêt est majeur dans les douleurs inflammatoires, l’allergie et les troubles de l’auto-immunité. Son utilisation sur le long terme est limitée par des effets secondaires qui sont cependant très dépendants de la dose.

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Des mots pour les maux
Les corticoïdes, aussi appelés « anti-inflammatoires stéroïdiens » ou « corticostéroïdes », ou « glucocorticoïdes », et « cortisone » dans le langage courant.
La cortisone appartient à la famille des « hormones stéroïdiennes » qui sont produites physiologiquement par les « glandes surrénales ».
De façon générale, un traitement par corticoïdes s'appelle une « corticothérapie »

Qu'est-ce que la cortisone ?

Le « cortisol » (ou hydrocortisone) est la principale « hormone glucocorticoïde » et elle est sécrétée par les « glandes surrénales ».
Les « glandes surrénales » sont 2 petites glandes qui sont situées au-dessus des reins. Elles sécrètent 2 types d’hormones : les hormones « glucocorticoïdes » et les hormones « minéralocorticoïdes », qui sont toutes essentielles à la vie.
Le cortisol a ainsi un rôle majeur dans la régulation de certaines des grandes fonctions de l'organisme (action sur la transformation et l’utilisation des sucres, résistance au stress physique, effet sur les défenses immunitaires ou sur l'inflammation...). Il a, à la fois des propriétés « glucocorticoïdes » (en particulier anti-inflammatoire), et des propriétés « minéralocorticoïdes » (antidiurétique, anti-natriurétique et kaliurétique).
Les « glucocorticoïdes de synthèse » sont donc des médicaments fabriqués par la chimie industrielle et qui dérivent de la molécule de cortisol, l’hormone naturelle. Ils ont été développés il y a plus de 50 ans en vue de maximiser les « effets glucocorticoïdes » et minimiser les « effets minéralocorticoïdes ». Cependant, les fortes doses utilisées initialement ont été responsables de nombreux effets secondaires, à l’origine de la mauvaise réputation actuelle de ces molécules.
Les corticoïdes sont donc des « anti-inflammatoires stéroïdiens », contrairement aux anti-inflammatoires « classiques » tels que le kétoprofène (Profenid®) ou l'ibuprofène (Advil®), qui sont eux des « anti-inflammatoires non-stéroïdiens » (ou AINS).
Les rôles anti-inflammatoires et immuno-modulateurs des corticoïdes sont très souvent utilisés en médecine dans les maladies auto-immunes et allergiques, ainsi que dans les douleurs inflammatoires.Ils sont également utilisés en tant qu’adjuvants des anti-cancéreux.

Comment est produit le cortisol ?

Le cortisol est fabriqué de façon quotidienne, avec un pic de production le matin, et celui-ci est essentiel à la vie.
Chaque personne a 2 petites glandes, de forme pyramidale, chacune située au-dessus d’un rein, que l’on appelle la « glande surrénale ». Chaque glande surrénale est formée de deux parties, associées anatomiquement mais dont les fonctions physiologiques sont différentes.
La partie la plus la plus centrale de la glande est ce qu'on appelle la « médullo-surrénale » (ou « médulla ») et la zone la plus externe s’appelle la « corticosurrénale » (ou « cortex »). C’est la corticosurrénale qui produit le cortisol, l’hormone naturelle, dont la production doit obligatoirement augmenter en cas de stress physique (chirurgie, infection, traumatisme…).
La production de cortisol par la corticosurrénale est régulée par une hormone produite par « l’hypophyse », la glande située à la base du cerveau, et avec lequel elle a des interactions. En cas de baisse de la quantité de cortisol dans le sang, la base du cerveau le détecte ("hypothalamus") et sécrète en retour le « CRF » qui amène l’hypophyse (la glande à la base du cerveau) à sécréter de « l’ACTH », hormone qui augmente la production de cortisol par la corticosurrénale. Un taux de cortisol trop élevé, comme au cours d’une prise de corticoïdes de synthèse, réduit la production de CRF et d’ACTH et, in fine, réduit la production de cortisol.
C’est ce dernier effet qui explique pourquoi il faut réduire progressivement les doses de corticoïdes avant de les arrêter, afin de laisser le temps à la corticosurrénale de se remettre à fabriquer normalement le cortisol. Parfois, cette reprise de production à des valeurs normales est impossible, en particulier après une corticothérapie très prolongée et chez la personne âgée. Parfois aussi cette reprise de production est suffisante à l’état normal mais peut devenir insuffisante en cas de stress physique.

Comment marchent la cortisone et les corticoïdes ?

Les corticoïdes plus prescrits en France sont la prednisone (Cortancyl®) et la prednisolone (Solupred®). Les mécanismes par lesquels les corticoïdes agissent sont multiples et complexes.
Schématiquement, après leur absorption, les corticoïdes agissent sur les cellules de tout l’organisme par le biais d'un récepteur spécifique à la surface de la membrane des cellules. On trouve ce récepteur sur toutes les cellules de l'organisme mais le nombre de ces récepteurs peut varier en fonction du type de cellule. C’est ce qui explique la variabilité des effets des corticoïdes en fonction des tissus.
Après une prise de corticoïdes par la bouche (« voie orale »), leur absorption est bonne (environ 80%) et rapide (le taux maximum dans le sang est atteint entre 1 et 2 heures après la prise).
La prednisone (Cortancyl ®) doit être transformée par l'organisme en prednisolone pour être active, mais, paradoxalement en apparence, on prescrit beaucoup plus souvent de la prednisone en France que de la prednisolone. Ceci tient au fait que la prednisolone est moins bien absorbée par l'organisme ce qui donne une variabilité des taux dans le sang impossible à gérer à faible dose. La prednisolone est donc plutôt réservée aux doses fortes.
Une fois que le corticoïde s'est fixé au récepteur sur la cellule, il permet alors de réguler de nombreuses activités de la cellule, comme augmenter la production de protéines anti-inflammatoires et diminuer celle des molécules qui favorisent l'inflammation.
Les corticoïdes sont principalement utilisés pour leurs propriétés antiallergiques et immunosuppressives (diminution des défenses immunitaires), ainsi que dans certaines douleurs inflammatoires (en particulier en infiltration locale). Ils limitent également la prolifération de certaines cellules (certains globules blancs comme les lymphocytes et les plasmocytes) ce qui est une propriété utilisée dans le traitement de nombreuses maladies du sang (myélome, lymphomes…).
La prednisone et la prednisolone sont assez rapidement éliminées par l'organisme et on considère qu'après une prise orale unique d'une de ces molécules, il faut moins de 24 heures pour qu’elles n’aient plus d’effet sur l'organisme, d’où l’importance des horaires de prise dans certains cas.

Pour quels malades utilise-t-on des corticoïdes?

Les corticoïdes peuvent être prescrits en cure courte ou en cure prolongées, c’est-à-dire moins ou plus de 3 mois.
• Les motifs de prescription des corticoïdes en cure prolongée (plus de 3 mois) les plus fréquents sont les maladies broncho-pulmonaires (asthme, broncho-pneumopathie chronique obstructive ou BPCO) et rhumatologiques (pseudopolyarthrite rhumatoïde ou PPR, maladie de Horton, polyarthrite rhumatoïde, « connectivites » comme le lupus, vascularites), mais ils sont aussi prescrits dans les cancers, les maladies de peau, les maladies inflammatoires du colon et de l’intestin (ou MICI), ainsi que la greffe. L’hydrocortisone est elle prescrite en supplémentation dans l’insuffisance surrénale (ou « maladie d’Addison »).
• Les principales indications des corticoïdes en cure courte (moins de 3 mois) sont les maladies broncho-pulmonaires et ORL (asthme, infections broncho-pulmonaires, bronchopathie chronique obstructive, rhinopharyngite, laryngite, sinusite), les maladies rhumatologiques (polyarthrite rhumatoïde, névralgie cervico-brachiale, cruralgie…), les maladies neurologiques (paralysie faciale, sclérose en plaques), les maladies rénales et les maladies digestives (maladie de Crohn, rectocolite hémorragique).