Lorsqu’on le voit sauter de toit en toit sans aucune sécurité, on ne peut qu’avoir l’estomac qui se noue. A tout juste 21 ans, Alexandre Ollier est un beau brun au corps sculpté par un sport qui le passionne : le parkour.
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Née en banlieue parisienne au début des années 90, cette discipline sportive acrobatique consiste à franchir des obstacles urbains ou naturels par des mouvements rapides et agiles (course à pied, sauts, escalade, déplacements en équilibre, etc), sans l'aide de matériel. "J’ai commencé en octobre 2013 dans mon jardin, à 12 ans. Je suis tombé dedans par hasard, en regardant des vidéos sur YouTube. A l’époque, c’était encore un sport très peu connu", se rappelle Alexandre d’une voix profonde, ferme et posée.
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A mesure que la popularité du parkour grandit en France, le jeune homme se perfectionne tout seul dans les rues de Dijon, se filme, poste des vidéos de plus en plus impressionnantes sur YouTube, Facebook, TikTok et Instagram et est repéré par plusieurs marques. Il signe alors un contrat professionnel avec Webedia et se met à gagner très confortablement sa vie d’adolescent, sur le même modèle que les influenceurs classiques.
"Au début, les partenariats, la production de contenu ou les placements de produits me rapportaient 200, 300 euros par-ci par-là. En 2020, cela pouvait aller jusqu’à 5 000 voire 6 000 euros par mois. Une fois, j’ai même fait 9 300 euros en trente jours", révèle-t-il sans tabou.
Mais Alexandre l’assure, il ne pratique pas ce sport extrême pour l’argent ni pour être célèbre sur les réseaux sociaux. "Avant, la production de vidéos était importante pour moi, mais aujourd’hui je m’en fiche, car je ne recherche plus de mouvements spectaculaires mais plutôt la pureté et l’efficacité dans mes gestes", explique-t-il.
Qu’est-ce que le parkour lui apporte au quotidien ? Un puissant sentiment de liberté, d’abord. Notre athlète de haut niveau se frotte au béton seul ou avec son ami Merlin, sans professeur ni groupe pour lui dicter quoi faire. Pas de matériel, de salle ou d’horaires imposés non plus, le cascadeur s’entraînant quand et avec ce que bon lui semble, parfois même toute la nuit.
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Le parkour permet aussi de se retrouver seul face à soi-même, un temps précieux dans notre société saturée d’informations. Il apprend également la précision et la concentration, ainsi qu’une parfaite maîtrise de son corps, de ses limites et de ses émotions. "Quand il était petit, mon frère avait du mal à contenir des pulsions de violence. Cette passion l’a énormément canalisé", constate sa grande sœur de 23 ans, dont il est très différent mais très proche. "Je veux aussi être fort pour me rendre utile si besoin, notamment en m’engageant dans l’armée. J’ai d’ailleurs tatoué les phrases « toujours prêt » et « être fort pour être utile » sur mon corps", complète Alexandre.
4 autres dessins indélébiles ornent joliment sa peau, dont un gros lion sur l’épaule et une longue araignée sur l’avant-bras, parce qu’il est "un grand fan de Spiderman". Sa mère, conseillère immobilier, et son père, agent commercial en reconversion, ne l’ont jamais poussé vers les sports extrêmes. Positif, ambitieux et déterminé, ce fils de parents divorcés vit encore chez sa maman dans le petit village de Thorey-en-Plaine où il a grandi, et a mené ses études supérieures à Dijon jusqu’à l’obtention d’un bac technologique avec option marketing puis d’un diplôme de moniteur en Méthode naturelle (l’ancêtre du parkour, NDLR).
Endurance
Depuis, il se consacre entièrement au sport. "Pour moi, une journée sans activité physique n’est pas productive. Je m’entraîne minimum deux heures quotidiennement. Je fais du parkour bien sûr, mais aussi du crossfit, du cross training et des sports de combat. Le but est de devenir un athlète le plus complet et le plus polyvalent possible, sans forcément avoir de gros bras", explique le célibataire, qui n’aime en revanche pas la musculation, ni la compétition.
"Alexandre a un énorme niveau de parkour et une endurance très impressionnante. C’est un puriste de la discipline, qui respecte à la lettre ses valeurs et cherche sans arrêt à se dépasser", s’enthousiasme en écho Merlin, qui apprécie tout particulièrement la sincérité de son ami, "même si cela peut parfois être un défaut de dire ce que l’on pense sans filtre".
Notre acrobate urbain compte-t-il s’arrêter un jour ? "Peut-être, mais le parkour fera toujours partie de moi. C’est une quête personnelle qui m’a permis de grandir, d’évoluer, de me poser les bonnes questions et de me forger. Je ne serais pas ce que je suis aujourd’hui sans ce sport", conclut-il, avec, il faut le dire, une grande maturité.
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